Des chercheurs chinois ont mis au point un polymère biodégradable destiné à favoriser les transplantations hors pépinières. Cette invention entre dans le cadre d'une vaste politique de reboisement en cours dans l'ensemble de la Chine.
En plantant des arbres aux côtés d’habitants de Pékin au début du mois d’avril, le président chinois Xi Jinping a réaffirmé sa volonté de verdir le pays. Depuis 40 ans, le pays agit pour contrebalancer la forte déforestation du siècle dernier. La carte interactive de CarbonBrief indique que la Chine a reboisé près de 79 millions d’hectares de parcelles depuis les années 1990. Au cours des vingt dernières années, le pays est même devenu l’un des fers de lance de la reforestation à l’échelle mondiale.
Zhang Jianlong, chef de l’administration forestière chinoise, affirme que le pays porte une ambition claire pour la poursuite de son plan de reboisement. « Les entreprises, organisations et les acteurs spécialisés dans ce secteur d’activité sont tous les bienvenus pour contribuer à la campagne massive de reboisement engagée par la Chine », a-t-il indiqué au journal China Daily. Ce dernier a également affirmé que si le pays visait 20 % de reboisement en 2020, il en vise désormais 23 % à l’horizon 2035. Le journal chinois rapporte également que le pays a dépensé plus de 82 millions de dollars en travaux de plantation entre 2013 et 2018. Pour Zhang Jianlong, la reforestation de la Chine passera par des avancées technologiques.
Favoriser la transplantation des semis
À l’Académie chinoise des forêts, des chercheurs abondent en ce sens. Une étude publiée dans Scientific Reports fait état de la mise au point d’un polymère destiné à favoriser la transplantation des arbres. Ce nouveau matériau, fabriqué à partir de glucomannane de Konjac (KGM), de chitosane (CA) et d’alcool polyvinylique (PVA), est destiné au renforcement de la motte de terre qui entoure les racines des végétaux à transplanter. Leurs recherches ont permis de démontrer que leur solution est plus efficace qu’un repiquage avec des billes d’argile et plus fiable et écologique qu’une consolidation avec des sacs, boîtes et cordages. Les expérimentations ont été menées sur trois plantes : sierra salvia, fuseau japonais et Juniperus sabina.
Ce polymère a été mis au point pour assurer le transport des plantes de la pépinière au lieu de transplantation. Durant cette étape, beaucoup de semis sont perdus car les racines sont endommagées. De plus, d’autres ne survivent pas après avoir été replantés pour les mêmes raisons. « En matière de verdissement urbain et rural, la rupture des boules de terre est la principale raison de la mort des gros semis après leur transplantation », indique l’étude. Ainsi, le mélange ternaire évite le délitement de la terre qui entoure des racines. Cette protection assure également l’équilibre hydrique de la plante.
« Propre et facile à utiliser »
L’autre enjeu lié à cette substance est son impact sur l’environnement. Ce dernier se doit d’être le plus faible possible. L’étude indique que dans le secteur du BTP, de nombreux stabilisateurs de sol existent, pour les fondations des bâtiments, renforcer les autoroutes ou encore prévenir les infiltrations. Ces derniers sont parfois utilisés pour les plantes. Mais « les agents inorganiques de solidification ont un effet très négatif sur le sol. La couche de sol solidifiée perd fondamentalement la capacité de croissance des plantes et sa substance alcaline est nocive pour la végétation », expliquent les chercheurs de l’Académie chinoise des forêts.
Ce sont pour ces raisons que les adhésifs à base de solvants, comme le benzène ou le toluène, ont été exclus. Les adhésifs thermofusibles ont eux aussi été écartés car leur viscosité ne les rend pas pratiques. C’est pourquoi le polymère ternaire est conçu à base d’eau. « Les principaux avantages des adhésifs à base d’eau sont l’absence de poison, de pollution, de combustion, une utilisation sûre et une technologie de production propre et facile à utiliser », atteste l’étude. De plus, les scientifiques affirment que cette formule se dégrade rapidement dans la terre sans engendrer de risque toxique pour la plante, ni pour la terre. Ainsi, les chercheurs avancent que cet adhésif pourrait être un soutien majeur pour favoriser la plantation d’arbres et améliorer la qualité de vie dans des espaces urbains pollués.
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