Au sein de l’hôpital Kitano d’Osaka, l’équipe de Katsutoshi Takahashi, le directeur de recherche et chef du service de chirurgie dentaire, a mis au point un médicament capable de faire repousser les dents chez des souris et des furets.
Ils ont en effet découvert que les souris qui étaient dépourvues d’un gène particulier possédaient un nombre accru de dents. Cela est lié à la protéine USAG-1 synthétisée par le gène en question et qui limite la croissance dentaire. L’équipe de recherche a ensuite développé un anticorps susceptible de bloquer la fonction de la protéine et donc de favoriser la pousse des dents dites « tertiaires ». En 2018, les scientifiques ont inoculé à des souris et des furets, présentant peu de dents à la naissance, un traitement à base de cet anticorps. Les animaux ont vu leurs dents repousser. « La capacité de faire pousser des dents est le souhait de tout dentiste. Je travaille là-dessus depuis que je suis diplômé. J’étais convaincu que je serais, un jour, capable de réaliser ce rêve », a déclaré Katsutoshi Takahashi.
Bientôt chez l’humain ?
Forts de ces résultats, les scientifiques ont annoncé qu’ils lanceraient les premiers tests chez l’humain en juillet 2024. Le traitement sera administré à trente hommes adultes entre 30 et 64 ans en bonne santé et qui présentent tous au moins une dent postérieure en moins (molaire ou prémolaire). Ces tests se dérouleront ensuite jusqu’en août 2025 à l’hôpital universitaire de Kyoto.
Si cette première étape est validée chez les hommes (aucune mention n’est faite de tests chez les femmes), les chercheurs testeront l’efficacité du médicament sur des enfants de 2 à 7 ans souffrant d’agénésie dentaire et à qui il manque au moins quatre dents. Cette pathologie est héréditaire et se caractérise par un nombre de dents inférieur à celui d’une dentition complète (32 dents). Elle touche environ 1 % de la population mondiale. Elle peut être handicapante pour l’élocution et l’alimentation.
Les chercheurs espèrent que le traitement, au début réservé uniquement aux personnes souffrant d’agénésie dentaire, sera mis sur le marché en 2030 et leur permettra de retrouver une dentition complète. Mais ils n’excluent pas la possibilité que le médicament soit, dans le futur, accessible à tous et fasse repousser les dents perdues à cause de caries ou d’accidents et ainsi limiter le recours aux dentiers ou aux implants.
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