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Un constructeur chinois va-t-il sauver les usines allemandes de Volkswagen ?

Posté le 13 février 2025
par Nicolas LOUIS
dans Entreprises et marchés

Contraint de réduire ses coûts de production, Volkswagen est en discussion avec des constructeurs chinois pour leur permettre de fabriquer leurs modèles électriques dans des sites historiques du groupe allemand. S'il se concrétise, ce scénario constituerait une menace supplémentaire pour la compétitivité des constructeurs automobiles européens.

Volkswagen va-t-il s’allier avec un constructeur chinois pour éviter la fermeture de ses usines en Allemagne ? Ce qui n’était qu’une rumeur devient de plus en plus plausible. Oliver Blume, le patron du groupe automobile allemand, a récemment confirmé que des discussions étaient en cours. Ce scénario pourrait permettre au premier constructeur automobile européen de résoudre son problème de surcapacité de ses moyens de production en Europe, estimée à 500 000 véhicules par an. Il lui offrirait aussi la possibilité de baisser ses coûts et d’améliorer sa rentabilité, tout en calmant la fronde des syndicats, opposés à toutes fermetures de site.

Selon Reuters, deux usines tout particulièrement seraient au centre des discussions. Celle de Dresde, qui emploie 340 personnes et fabrique la Volkswagen ID.3 électrique, dont la production est assurée jusqu’à fin 2025. Et celle située à Osnabrück qui devrait continuer à fabriquer la T-Roc Cabrio jusqu’à 2027 et emploie 2300 personnes. Le prix de chacun de ces sites est estimé entre 100 et 300 millions d’euros et Volkswagen serait prêt à les vendre.

Mais un tel rachat se révèle très sensible politiquement et face au tollé qu’il pourrait provoquer, l’idée d’une coentreprise paraît une alternative plus crédible. D’ailleurs, Volkswagen est déjà partenaire de plusieurs constructeurs chinois, tels que JAC, FAW, SAIC (MG) et Xpeng. Mais rien ne dit que le repreneur sera l’un de ces quatre constructeurs et une nouvelle alliance pourrait être créée avec un concurrent chinois qui ambitionne de conquérir le marché européen, à l’image de BYD.

S’implanter en Europe pour contourner les droits de douane de l’UE

L’arrivée d’un constructeur chinois dans une usine Volkswagen paraît malgré tout contre-nature, étant donné que les difficultés du groupe allemand viennent en partie de la concurrence chinoise. Une telle hypothèse peut constituer une menace supplémentaire pour la compétitivité des constructeurs européens. Car pour éviter l’arrivée massive de voitures électriques low-cost chinoises sur le continent, l’UE a récemment instauré des droits de douane supplémentaires sur les voitures construites en Chine, dont le total peut aller jusqu’à 45 %. Mais ces nouveaux tarifs douaniers ne s’appliqueront pas dès lors que les véhicules chinois seront fabriqués sur le territoire de l’UE.

Ce scénario, s’il se concrétise, n’est pas sans rappeler la stratégie de Stellantis, qui après avoir noué un partenariat avec le constructeur automobile chinois Leapmotor, lui a ouvert les portes de son usine en Pologne pour qu’il fabrique un premier modèle de véhicule électrique. Selon Reuters, il ne serait plus question de poursuivre la fabrication d’un second modèle sur ce site, mais plutôt d’envisager d’utiliser une usine Stellantis à Eisenach, en Allemagne, qui produit des modèles Opel, et d’une usine en Slovaquie.

Ce changement de site de production serait lié à une intervention du gouvernement chinois qui a demandé à ses constructeurs automobiles de cesser leurs investissements dans les pays européens qui ont soutenu l’imposition de droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques fabriqués en Chine. Or, la Pologne fait partie des 10 membres de l’UE qui ont soutenu cette décision, au contraire de l’Allemagne et de la Slovaquie, qui font partie des cinq pays qui se sont opposés à ces tarifs douaniers. Ce qui laisse à penser que la Chine ne s’opposera pas à la fabrication de véhicules chinois dans les usines Volkswagen en Allemagne.


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