Alors qu’en France la population est désormais habituée à l’achat en ligne (7 consommateurs sur 10), seule 1 PME sur 8 fait usage de solutions de vente en ligne. Et deux tiers des TPE/PME possède un site internet contre trois quarts dans le reste de l’Union européenne. Pour les auteurs de l’étude de l’Apec « ce retard pris sur la transformation numérique prive ainsi ces entreprises d’un marché à fort potentiel ». L’étude menée par l’Observatoire de l’Apec grâce à des entretiens qualitatifs auprès d’entreprises, de cadres ou d’accompagnants, révèle les processus à l’œuvre dans la transformation des TPE/PME françaises et les freins qui y sont rencontrés.
Une transformation au fil de l’eau
Comme le souligne le document, dans la majeure partie des TPE/PME les changements sont de faible envergure. Ils se font petit à petit, au gré des besoins internes ou externes. Ils sont alors perçus comme des projets « informatiques » et ne sont pas ressentis comme une transformation numérique. Il s’agit par exemple de la création d’un site internet, d’une page ou d’un compte sur un/des réseaux sociaux dans le cas d’objectif de communication externe ou alors de la mise en place d’outils de relations clients (CRM) ou de type ERP (intégration informatique des commandes/facturation et/ou des ressources humaines).
Dans ce cas, leur impact sur l’organisation et le travail est faible et limité et la transition assez fluide. Les projets sont menés sur fonds propres, généralement sans aide extérieure. Cependant ce schéma général est très variable selon les entreprises et surtout selon les secteurs d’activité. Dans les secteurs très concurrentiels comme l’hôtellerie-restauration, dans des secteurs du médical ou des services, ou dans la sous-traitance avec des grands groupes, les transformations sont plus rapides et de plus grande envergure.
Des freins identiques aux autres entreprises
Dans ce cas, on voit alors apparaître des résistances tant chez les collaborateurs que chez les cadres à l’instar des difficultés rencontrées lors de changements majeurs dans une grande entreprise. On retrouve alors les mêmes écueils : absence de prise en compte du temps d’adaptation nécessaire à la nouvelle organisation et aux nouveaux outils avec une prévisible baisse de productivité temporaire, formation insuffisante, résistance par peur de la nouveauté ou du transfert de pouvoir, de contrôle ou des connaissances, charge de travail supplémentaire non reconnue et non valorisée etc. La réussite tient alors souvent à l’implication de la direction et éventuellement à l’intervention de ressources extérieures.
Par ailleurs, pour certaines problématiques, les TPE/PME sont très démunies voire n’y pensent même pas. Il s’agit par exemple des questions de gestions des données, de sécurité et d’hébergement.
Des aides méconnues
Sur la question des aides, les TPE/PME sont peu demandeuses. Elles manquent généralement de temps et de moyens pour les chercher et restent méfiantes vis-à-vis de tout élément extérieur, parfois pour des raisons de confidentialité. De plus, elles connaissent rarement l’existence de telles aides et quand elles en ont connaissance, elles trouvent que le vocabulaire et les dispositifs proposés sont inadaptés à leur situation et à leur réalité. Pourtant, elles ont rarement les ressources internes pertinentes pour établir un bon diagnostic, pour rédiger un cahier des charges ou pour le suivi de la mise en place des nouveaux outils.
Les accompagnements existent et sont multiples, ils peuvent être humains ou financiers et sont présents à toutes les étapes du processus, du préfinancement au suivi. Ils proviennent d’organismes institutionnels ou professionnels et sont parfois gratuits ou proviennent de cabinets et d’entreprises spécialisées. Mais, l’étude le souligne, les entreprises font appel à eux souvent après démarchage et peu spontanément. Aussi, pour soutenir l’évolution des TPE/PME vers la numérisation des activités, l’Apec insiste sur la nécessité que les différents accompagnateurs, qu’ils soient payants ou gratuits, adaptent leurs offres aux spécificités des petites entreprises : communiquer plus intensivement sur les services qu’ils apportent, employer du vocabulaire simple (parler de logiciel de gestion de production et pas d’ERP par exemple), présenter des outils simplifiés par rapport à ceux déployés dans les grandes structures, mettre en relation les pairs car leur expérience est reconnue comme pertinente et fiable par les TPE/PME, et savoir s’adapter aux spécificités de l’entreprise cliente car il s’agit souvent, pour ces entreprises, de pouvoir faire du sur-mesure.
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