Du 29 mars au 1er avril 2021, la 1ère édition des Rencontres de la Flotte océanographique française se déroulait en ligne. L’Ifremer en a profité pour dresser en visioconférence un premier bilan de l’expédition Swings, à peine revenue de l’océan Austral.
Du 11 janvier au 8 mars, près de 50 scientifiques ont scruté l’océan Austral dans le cadre de la campagne Swings sur le Marion Dufresne. « L’océan Austral participe à la régulation du climat puisqu’il absorbe jusqu’à un tiers du carbone atmosphérique, rappelle Hélène Planquette, océanographe du CNRS, co-cheffe de mission. Le processus principal qui permet à cet océan de capter le CO2 atmosphérique est la pompe biologique. »
La mission Swings visait justement à étudier cette pompe biologique, ces microalgues à la surface de l’océan qui séquestrent le carbone via la photosynthèse. « Dans l’océan Austral, les microalgues ont besoin d’éléments nutritifs pour faire la photosynthèse – des nitrates, des silicates, des phosphates – et le problème de l’Océan Austral est qu’il est carencé en ce qu’on appelle les métaux traces, les vitamines de l’océan, et notamment le fer, explique Hélène Planquette. Un des objectifs de Swings était d’aller traquer ces éléments traces, voir comment ils se transforment dans l’océan et surtout d’où ils proviennent. »
Étudier une source hydrothermale et le changement climatique
La mission a déjà fourni de premiers résultats. L’équipage était parti à la recherche d’une source hydrothermale sur la dorsale sud-est indienne. Riches en nutriments et éléments chimiques nécessaires à la pompe biologique, ces formations géologiques sont comparables à des geysers. Pour mieux comprendre ces zones, les chercheurs y scrutent la turbidité de l’eau, le niveau de radium 223 qui y présente des activités élevées et l’oxydation de l’eau. « Nous avons trouvé la présence d’une source hydrothermale et avons pu envoyer nos bathysondes pour aller récupérer de l’eau. Et les mesures à bord de radium 223 nous ont confirmé la présence de cette source », annonce Hélène Planquette. Mais le travail n’est pas fini. « De nombreux échantillons restent à analyser pour étudier la composition de l’eau de mer environnant cette source », précise-t-elle.
L’équipage a aussi pu voir l’impact du changement climatique sur la région. « On a constaté que l’eau circulant au ras du fond, à plus de 4 000 mètres de profondeur, et qui se forme le long de la côte antarctique, là où la banquise et la glace fondent, se réchauffe, prévient l’océanologue géochimiste Catherine Jeandel, directrice de recherche au CNRS. Il y a plus d’eau douce liée à la fonte de la glace antarctique qu’il y a dix ans. »
Opérée par l’Ifremer, la Flotte océanographique française compte 18 navires et 6 engins sous-marins. La flotte compte parmi les trois plus grandes en Europe, aux côtés de celles de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne. Avec la flotte allemande, elle est la seule à sillonner les trois grands océans du globe – Atlantique, Indien et Pacifique – au service d’une communauté nationale de plus de 3 000 scientifiques. Hors crise sanitaire, la flotte permet de réaliser plus de 110 campagnes par an.
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