La traversée de 5 jours et 5 nuits (117 heures et 52 minutes) entre Nagoya, au Japon, et Kalaeloa, dans l’archipel d’Hawaï, aura eu raison des batteries de Solar Impulse qui ont subi des « dommages irréversibles ». Mais cette traversée du Pacifique de 7 200 kilomètres constitue déjà un record mondial de vol en solitaire.
L’isolation étant excessive dans le compartiment des batteries, celles-ci ont surchauffé. Cette surchauffe cloue au sol Solar Impulse pendant plusieurs mois, le temps de réparer les batteries. En parallèle, les ingénieurs étudieront diverses options pour améliorer les systèmes de refroidissement et de chauffage pour les longs vols.
Un comportement mal évalué en climat tropical
La surchauffe a commencé dès le premier jour du vol Nagoya-Hawaï. Dès son décollage, l’avion solaire a dû atteindre une altitude élevée avant de redescendre, afin de se plier aux exigences des autorités aériennes japonaises, ce qui a fortement sollicité et surchauffé les batteries. «Tandis que l’équipe de mission suivait cela de très près pendant le vol, il n’y avait aucun moyen de diminuer la température pour la durée restante de vol », précise l’équipe de la mission dans un communiqué. Celle-ci n’a pu intervenir qu’après l’atterrissage de l’appareil à Hawaï, mais il était déjà trop tard. « Les dommages subis par les batteries ne sont pas le résultat d’une erreur technique ou d’une faiblesse dans la technologie, mais plutôt d’une erreur d’évaluation du profil de la mission et des propriétés du système de refroidissement des batteries. La température des batteries lors d’une rapide montée / descente dans les climats tropicaux n’a pas été correctement prévue », expliquent les experts.
Solar Impulse a commencé son tour du monde de 35 000 km propulsé à l’énergie solaire le 9 mars à Abu Dhabi. Il a parcouru jusqu’ici près de 18 000 kilomètres, à peu près la moitié de son objectif, atteignant jusqu’à 8 634 mètres d’altitude à une vitesse moyenne de 61,19 km/h. Le tour du monde reprendra en avril 2016 d’Hawaï à Phoenix, sur la Côté Ouest des Etats-Unis. De là, Solar Impulse traversera les Etats-Unis, jusqu’à New-York, avant de traverser l’Atlantique et rejoindre son point de départ à Abu Dhabi.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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