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Décryptage

Silent Space, anti-bruit mobile et connecté pour les open spaces

Posté le par Frédéric Monflier dans Innovations sectorielles

Etudié pour les environnements de travail ouverts, Silent Space fait barrage au bruit ambiant, source de déconcentration. Si le principe n'est pas neuf, cette solution innove grâce à sa souplesse et son caractère préventif.

Quiconque a déjà travaillé dans un open space connaît les affres du bruit ambiant et des conversations menées par les collègues à voix (trop) haute : difficulté de concentration, stress… Silent Space se propose de mettre en sourdine ces phénomènes perturbateurs. Ce dispositif a été conçu par la société Orféa Acoustique, basée à Brive, dont le domaine d’activité depuis 1997 se réfère à l’étude et au traitement du bruit dans l’industrie, le bâtiment ou encore les transports.

IMG_6009m«Brouiller» le bruit régnant dans les espaces de travail ouverts est une technique éprouvée depuis les années 70, en particulier en Amérique du Nord. Silent Space n’innove pas en l’espèce car il respecte le même principe de masquage sonore : il émet un son neutre, un «bruit rose», qui réduit ce qu’Orféa Acoustique appelle le rayon de distraction, autrement dit la zone où la parole humaine est intelligible. Et quand un employé ne comprend plus ce qui se dit dans les conversations distantes, sa concentration s’améliore. La solution peut être utilisée en complément d’autres procédés. «Les matériaux absorbants diminuant la réverbération du son, que nous-mêmes prescrivons, montrent en effet leur limite car les employés se disent toujours gênés par les conversations, explique Frédéric Lafage, le fondateur. Si l’environnement acoustique est trop dégradé, notre produit n’accomplit pas de miracles toutefois. »

Là où Silent Space se démarque, c’est qu’il est capable de s’adapter aux transformations éventuelles de l’espace de travail. «Les bureaux sont susceptibles d’être réorganisés – déménagement des services d’un étage à l’autre, cloisonnement ou décloisonnement – ou le nombre de salariés peut varier, précise Frédéric Lafage. Le système de masquage sonore existant, fixé dans le faux plafond, ne correspond plus au nouvel agencement. D’autre part, l’entreprise, la plupart du temps locataire, ne peut engager ces travaux de réaménagement. D’où l’idée de créer un système mobile qui évolue en fonction des besoins.» En l’occurrence, les diffuseurs de Silent Space s’installent sur des pieds-supports et s’alimentent via une prise électrique standard. La consommation électrique n’est que de 2 watts par unité. L’intensité et le spectre du signal sont modulés automatiquement, en fonction de l’horaire et du bruit ambiant, et peuvent aussi être individualisés, si un employé porte une prothèse auditive par exemple.

Bientôt dans les hôpitaux ou les logements ?

L’indicateur lumineux est un autre attribut différenciant qui se veut un outil de prévention. «Nous souhaitions que les employés puissent être conscients du bruit qu’ils produisent, commente Frédéric Lafage. Nous avons donc ajouté une LED dans chaque diffuseur, dont les codes-couleur (bleu, jaune, orange), visibles par tous, sont représentatifs d’une situation acceptable ou d’une situation gênante.» Enfin, et ce n’est pas une surprise à notre époque, Silent Space est connecté, via Bluetooth. «L’application mobile enregistre un historique des niveaux sonores et rend compte de l’évolution sur une période d’une semaine, d’une trimestre ou d’une année, décrit Frédéric Lafage. Cette mesure objective favorise le dialogue entre les managers, les salariés ou leurs représentants, le CHSCT, le médecin du travail… Elle permet d’anticiper et d’agir, comme de cloisonner en partie l’espace.»

La première version de Silent Space a été mise en œuvre à partir de 2014. La deuxième version, complétée avec la LED et l’application mobile, est déployée depuis septembre 2016 chez quelques clients, dont des grands groupes comme Auchan et Enedis, et aussi à l’international. Dans sa brochure, Orféa Acoustique estime que le retour sur investissement est inférieur à 5 mois, sur la base d’un budget de 5000 € HT (15 éléments pour 20 personnes) et d’un gain de productivité de 2%. Les entreprises ne sont pas les seuls débouchés possibles. «Nous avons des pistes dans le milieu hospitalier et dans le marché résidentiel, qui pourraient se concrétiser en 2017/2018» déclare Frédéric Lafage. D’autres sont plus pressés : Cambridge Sound Management, spécialiste américain du masquage sonore, a déjà financé via Kickstarter son produit Nightingale, prévu pour la chambre à coucher.

Frédéric Monflier

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