Après le ministère de la Défense français, Microsoft va-t-il récidiver avec celui de l’Éducation ? En novembre 2015, ce ministère signe un accord avec cet éditeur. Ce dernier s’engage à assurer de l’accompagnement, de la formation des élèves et des enseignants, de l’initiation au code informatique, etc. En contrepartie, Microsoft en profite logiquement pour communiquer sur Office 365, Windows Azure, et ses autres produits.
Alertée il y a quelques mois par le collectif EduNathon, la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) rappelle à l’ordre Microsoft. La fameuse charte de confiance qui devait encadrer cet accord ne satisfait pas cette instance. Elle réclame des données juridiques plus solides pour garantir la protection des données personnelles des élèves et enseignants. Interrogée en avril par le site EducPros, la présidente de la CNIL, Isabelle Falque-Pierrotin, avait en effet rappelé que les données scolaires étaient « particulièrement sensibles ». Non seulement elles en disent énormément sur les enfants, mais elles les suivent longtemps. « De ce fait, ces informations peuvent intéresser énormément d’acteurs et il faut faire preuve de vigilance ».
Officiellement, le ministre de l’Éducation interdit le recours aux services des GAFAM et prône notamment les solutions open source pour les ENT. Un créneau qui intéresse différents éditeurs français parmi lesquels Open Digital Education, Itslearning et d’Itop.
Mais les poids lourds américains du numérique accentuent leur pression pour s’immiscer dans les classes. Ils ont développé des produits spécialement dédiés à l’éducation, comme Office 365 éducation ou Google Classroom. Ces services sont mis gratuitement à disposition des enseignants. Mais comme tout service commercial accessible sans abonnement, toutes les informations qui transitent par ses logiciels peuvent être recueillies et exploitées : les noms et âges des élèves, leurs résultats scolaires, leurs historiques de navigation et de recherche…
C’est ce qui se passe aux États-Unis où Google a détrôné Apple (qui est 3e derrière Microsoft) dans les écoles ! En trois ans, Google a multiplié par 4 le nombre de Chromebooks installés dans les classes, soit environ 8 millions. Résultat, le moteur de recherche détient près de 58% de part de marché en 2016, suivi par Microsoft avec 22 % (ordinateurs portables/tablettes) et Apple qui est passé sous les 20 % (avec ses iPads et Mac).
Disponible à partir de 250 €, les Chromebooks ont convaincu de nombreuses écoles qui ont abandonné les appareils d’Apple jugés vraiment trop chers… Pour tenter de reprendre la main, Microsoft propose dorénavant sa tablette Surface Laptop et surtout Windows 10 S. Ce système d’exploitation allégé est disponible gratuitement. Mais il y a des restrictions importantes, en particulier, les utilisateurs ne peuvent installer et faire tourner que des applications provenant du Windows Store.
Par Philippe Richard
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