« Le développement d’une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à l’humanité » s’alarmait Stephen Hawking lors d’un entretien sur la BBC il y a à peine quelques semaines. Sa crainte est qu’une telle intelligence puisse se développer de façon autonome et à grande vitesse tandis que nous autres, humains, n’évoluons qu’à la vitesse naturelle de la biologie, bien plus lente. Nous serions très vite dépassés, et pourquoi pas, dominés. Malheureusement, l’astrophysicien britannique n’est pas prêt d’être rassuré. La Start-up Sentient a décidé de fabriquer une intelligence artificielle distribuée, la plus importante capable de traiter l’ensemble des données d’internet à elle seule ! Cela représente 1022 octets, soit 10 zettaoctets, le tout répartis sur les différents serveurs, publics et privés. L’objectif est de réussir à traiter la quantité colossale d’informations présentes sur les serveurs. Pour y arriver, Sentient doit installer sa technologie sur chaque centre de donnée. Ces derniers pourront alors communiquer entre eux et échanger des informations. Les fondateurs, Babak Hodjat et Nigel Duffy annoncent pouvoir alors résoudre n’importe quel problème en prenant les bonnes décisions basées sur l’analyse pertinente des connaissances relatives au sujet.
Par exemple, le domaine de la santé est un bon secteur d’application. Sentient est actuellement en phase de test avec le Laboratoire d’informatique et intelligence artificielle du MIR pour anticiper les risques éventuels de septicémie de 6000 malades. La pression artérielle de ces patients cobayes, un des marqueurs d’un début de septicémie, est mesurée et analysée en temps réel.
Sentient commence donc à négocier au cas par cas avec les propriétaires des serveurs pour commencer à implanter ses programmes et toucher le plus grand nombre de microprocesseurs. Leurs fondateurs ont déjà annoncé un partenariat avec Tata communication, le géant indien des télécoms.
Nigel Duffy estime qu’en moins de 15 ans, leur IA sera suffisamment développée pour s’apparenter à une conscience artificielle. De quoi s’enthousiasmer ou frémir.
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique