Dans un précédent article, nous expliquions pourquoi il est nécessaire et urgent de passer d’un modèle d’industrie linéaire à un modèle circulaire. Dans celui-ci nous décrirons les modèles économiques permettant d’opérer ces changements radicaux.
Les témoignages et les éléments chiffrés contenus dans cet article sont issus du rapport d’études INEC/OPEO « Pivoter vers l’industrie circulaire ».
Créer de nouveaux usages pour apporter de la valeur et réduire l’impact environnemental
90 à 99 % de l’impact environnemental des activités industrielles vient de l’extraction des ressources et de l’utilisation des produits jusqu’à leur fin de vie. Il est donc clair que pour réduire l’impact de nos industries, il faut inventer de nouveaux usages de la matière première et veiller à une bonne récupération des ressources en fin de vie.
Selon le rapport INEC/OPEO, « créer de nouveaux modèles économiques repose sur deux principes : augmenter les cycles d’utilisation de la matière et réduire les externalités négatives résiduelles ». Concrètement, cela signifie qu’il faut inventer des modèles économiques créant des boucles de circularité à chaque étape de la vie des ressources et de la matière.
Six modèles économiques pour l’industrie circulaire
L’étude réalisée par l’INEC et OPEO se fonde sur les témoignages de 18 entreprises référentes et sur les résultats d’une enquête réalisée auprès de 63 entreprises répondantes. Les données recueillies leur ont permis d’imaginer six modèles économiques pour une industrie circulaire :
- Durabilité des ressources : un modèle pour générer de manière éthique et durable des matières premières non recyclées. La valeur créée permet de se démarquer sur le marché, de répartir la valeur avec les producteurs et aussi de proposer des ressources sur le long terme ;
- Extension de la durée de vie : le design des produits est orienté autour de la fiabilité et de la réparabilité. Des services de garantie et de maintien en conditions opérationnelles sont développés ;
- Vente d’un usage plutôt que d’un produit : avec le modèle « product as a service », le producteur conserve la propriété du produit, ce qui lui permet de découpler la création de valeur et l’usage des ressources. L’économie de partage rentre dans cette catégorie, car la mise en commun d’un bien revient à distribuer les coûts sur les copropriétaires ;
- Favoriser le réemploi des produits : consiste à augmenter les cycles d’utilisation des produits. Des produits et biens industriels de seconde main sont mis sur le marché à des prix jusqu’à 30 % plus bas, pour des performances garanties. Ce modèle nécessite de favoriser la réparabilité, l’interopérabilité des données et la mise en place de logistiques inversées ;
- Le réemploi des matériaux et des composants : permet de transformer de potentiels déchets en nouveaux intrants ou semi-finis. Ceci nécessite de disposer de produits éco-conçus, dont la séparation des composants est facilitée ;
- Optimiser l’empreinte environnementale : les externalités négatives en termes de rejets, déchets, consommations d’énergie, sont néanmoins inévitables. Ce type de modèle se concentre sur l’optimisation de l’empreinte environnementale des externalités résiduelles pour les réduire à leur minimum.
Des modèles économiques à combiner et des partenariats à créer
La clé de la réussite réside dans la combinaison de ces différents modèles circulaires. Certaines entreprises sont déjà sur plusieurs fronts. C’est notamment le cas de Schneider Electric, qui développe une offre « Energy as a Service » basée sur la fourniture d’équipements éco-conçus pouvant durer entre 10 et 40 ans, grâce à la réparabilité.
La création de partenariats est également une solution à regarder de près. Le groupe Paprec, acteur majeur du recyclage en France, s’associe avec diverses entreprises afin de capter des gisements de déchets recyclables.
Selon Sébastien Ricard, directeur Développement Durable Et Affaires Publiques du groupe Paprec, « cette logique se traduit par le biais de contrats de type joint-venture, comme cela est par exemple le cas avec les entreprises Gerflor sur les revêtements de sol ou Saint-Gobain sur le verre ».
Ce type de partenariat d’une part incite les entreprises à écoconcevoir leurs produits et à garantir la recyclabilité, et cela assure d’autre part la bonne intégration des matières premières dans les process industriels.
Cet article se trouve dans le dossier :
Quels défis pour l'industrie française ?
- La sécurité des infrastructures industrielles reste trop vulnérable aux attaques
- Des virus de plus en plus sophistiqués
- Les réseaux industriels sont confrontés à de multiples attaques et… contraintes
- Haithem Gardabou : « En matière de cybersécurité, les industriels sont en train de rattraper leur retard »
- Attaques informatiques : le hardware devient une cible
- Les failles de cybersécurité dites « 0-day » ne connaissent pas la crise
- CyberScore : des codes couleurs pour connaître le niveau de sécurité des sites
- L’Europe veut plus de sécurité dans les objets connectés
- Qu'est-ce que le métavers ?
- Philippe Fuchs : « Il ne faut être ni technophobe ni technophile par rapport au Métavers mais analyser sérieusement son intérêt et ses limites »
- Laval Virtual : les nouveaux horizons de la RA
- La réalité virtuelle en aide à la conception et à l’évaluation dans l’industrie
- Réalité et environnement virtuels : à quand leur acceptation comme outil de communication ?
- Industries : la formation en réalité virtuelle entre dans les habitudes
- La crise force l’industrie à la sobriété énergétique
- L'Etat et l'Europe au secours de l'industrie
- Prix de l’énergie : à qui la faute ?
- Europe énergétique : l'espoir d'une union ?
- Négawatt propose 50 mesures chiffrées de sobriété énergétique
- Les industriels français face à une situation énergétique "catastrophique"
- L’industrie circulaire, un modèle pour transformer l’industrie suivant les principes de l’économie circulaire
- Passer d'un modèle d'industrie linéaire à l'industrie circulaire, pourquoi est-ce une nécessité ?
- Repenser les modèles économiques pour pivoter vers une industrie circulaire
- Comment accélérer sa transition vers un modèle d’industrie circulaire ?
- Déprogrammer l’obsolescence grâce à l'écoconception
- Une plateforme de vente pour les stocks dormants de pièces de maintenance industrielle
- 5 secteurs industriels ciblés pour tenter de relocaliser
- Composants électroniques : « Il faut favoriser l’émergence d’un fournisseur européen de haut niveau »
- « Développer des outils de production modulaires et délocalisables »
- Penser l'après Covid-19 : vers quels modèles économiques se tourner ?#3 Entre relocalisation et résilience
- Rôle de la relocalisation sur le développement durable
- De la réalité virtuelle aux métavers : finalités et usages
- Faire carrière dans l'industrie en France : les entreprises recrutent
- L’intrapreneuriat dans l’industrie : un pari gagnant !
- Métiers et compétences : les nouveaux besoins de l’industrie
- Les enjeux de la réindustrialisation au regard de la situation actuelle
Dans l'actualité
- Développer des équipements industriels pour recycler les panneaux solaires en fin de vie
- Recycler les fibres de carbone des matériaux composites
- Écoconception : évaluer les leviers de réduction d’impact du numérique
- La startup française COMPOSE IT conçoit des réservoirs en composite thermoplastique à la durée de vie exceptionnelle
- Déprogrammer l’obsolescence grâce à l’écoconception
- Passer à l’écoconception dans le numérique, quels enjeux ?
- L’écoconception s’installe dans les entreprises, selon l’Ademe
- Prendre le virage de l’économie circulaire face à la crise sanitaire
- Des perspectives économiques favorables en cette fin d’année pour les fournisseurs de biens d’équipement