En ce moment

Regard mitigé des Français et des ingénieurs sur le monde des industries

Posté le 28 novembre 2024
par Alexandra VÉPIERRE
dans Entreprises et marchés

Le premier Observatoire Arts & Métiers des Industries Responsables a interrogé Français et ingénieurs pour mieux connaître la perception des industries en France, et les attentes face aux défis de la réindustrialisation. 

Profitant de la Semaine de l’Industrie, le premier Observatoire Arts & Métiers des Industries Responsables a livré ses premiers résultats sur la perception des industries le 21 novembre dernier. Issu d’une collaboration entre l’IFOP et Arts & Métiers Alumni, l’Observatoire a la particularité d’avoir interrogé des Français (1000 personnes), mais également des ingénieurs (2200 ingénieurs, étudiants ou jeunes diplômés des Arts et Métiers) afin de comparer leurs ressentis et perceptions sur le monde des industries.

Selon les résultats de l’Observatoire, les personnes interrogées s’accordent à dire que l’industrie est créatrice de richesse (87% des Français, 81% des ingénieurs), créatrice d’emplois (81% des Français, 91% des ingénieurs) et au cœur des innovations technologiques (87% des Français, 90% des ingénieurs). Il convient néanmoins de noter que les sondages ont été effectués en septembre et début octobre 2024, donc avant la vague d’annonces de fermetures d’usines

Pourtant, ces résultats positifs côtoient des perceptions beaucoup plus mitigées sur le secteur. L’industrie serait ainsi en déclin selon 83% des Français et 77% des ingénieurs, elle aurait perdu de nombreux emplois selon 91% des Français et 74% des ingénieurs et serait en perte de vitesse par rapport à ses voisins européens pour 76% de Français et 72% des ingénieurs. Pire encore, seulement 11 % des Français recommanderaient de façon certaine à leurs proches de travailler dans l’industrie.

Redorer l’image de l’industrie

L’Observatoire met en lumière 5 défis pour améliorer l’image de l’industrie en France : rester compétitif par rapport à la concurrence internationale, recruter et former aux compétences, décarboner les processus de production, innover et développer la R&D, et enfin renforcer l’image globale et l’attractivité du secteur. 

“Aujourd’hui, l’image de l’industrie est désuète, pleine de stéréotypes. L’industrie paraît lointaine alors qu’elle est connectée à notre quotidien, elle permet de se déplacer, se nourrir, s’habiller”, remarque Aurélien Herbert, président des jeunes promotions Société des ingénieurs Arts & Métiers. 

Résultat paradoxal, si 89 % des Français et 94 % des ingénieurs voient l’industrie comme un acteur essentiel de la transition écologique, 72 % des Français l’associent à la dégradation de l’environnement. Nouvellement élu président de la Société des ingénieurs Arts et Métiers, Stéphane Gorce explique : “Transformer l’image de l’industrie est une nécessité. Tant qu’elle sera perçue comme polluante ou dépassée, elle restera en retrait dans les choix de carrière et les priorités nationales.” 

L’Observatoire met aussi en avant le manque de reconnaissance sociale des métiers de l’industrie. 54,4% des ingénieurs interrogés estiment qu’un travail dans l’industrie n’est pas un métier reconnu socialement. 

Soutenir le secteur

En réaction, la Société des Ingénieurs Arts et Métiers a décidé de lancer la première édition des Journées Usines Ouvertes les 4 et 5 avril 2025. A l’image des Journées du Patrimoine, cet événement permettra aux scolaires et au grand public d’entrer dans les usines et de découvrir leur fonctionnement. “L’industrie est beaucoup plus complexe que par le passé, sa structure même a changé. On veut faire comprendre cela aux jeunes générations et leur montrer la réalité et l’avenir de ce secteur”, explique Stéphane Gorce. 

Mais le président de la Société des ingénieurs Arts et Métiers rappelle également la responsabilité de l’Etat. Selon l’enquête, 53 % des Français et 75 % des ingénieurs jugent que les pouvoirs publics n’apportent pas un soutien suffisant au secteur, renforçant l’idée d’un manque de moyens pour rester compétitif. “Aujourd’hui on a un enjeu de souveraineté. Quand on voit des pays comme la Chine ou les Etats-Unis qui soutiennent largement l’industrie, on sait que les entreprises vont se délocaliser. On veut se mobiliser pour attirer les talents”, reprend Stéphane Gorce. Il recommande ainsi de renforcer la compétitivité de l’industrie français via la décarbonation et la modernisation du secteur, et de se concentrer sur les innovations de rupture pour rendre l’industrie attractive aux yeux des Français et des ingénieurs.


Pour aller plus loin