« Les dépenses de la Chine dans la recherche et développement (R&D) ont continué de croître à un rythme soutenu en 2017 » annonçait mi-février un communiqué officiel du bureau d’État des statistiques chinois.
En base annuelle, l’investissement global s’élève ainsi à près de 225 Md€* (1750 Md de yuans) en augmentation de 11,6 %. La R&D représente désormais 2,12 % du PIB du pays, en progression de 0,01 % par rapport à 2016. L’effort d’investissement provient autant des entreprises (+13,1%) que des institutions gouvernementales (+7%) ou des universités (+5,2%). Si la participation du secteur privé reste prépondérante avec 1370 Md de yuans investis, la recherche fondamentale n’est pas délaissée et représente 5,3 % des dépenses totales, en hausse de 11,8 %. Fin 2015, la Chine comptait ainsi 5,35 million de personnes travaillant dans la R&D et le pays prévoit toujours d’augmenter ses dépenses annuelles pour atteindre 2,5 % de son PIB en 2020. Rappelons que cet effort est continu et massif depuis le début des années 2000 et avait connu un premier bond entre 2008 et 2012 où la Chine avait doublé ses dépenses en R&D, lui permettant de représenter 20 % de la R&D mondiale en 2012 contre seulement 6% en 2002.
L’innovation se déplace en Asie
Selon le rapport biennal de la National Science Foundation américaine (NSF), les chercheurs chinois ont publié davantage d’articles dans des revues internationales à comité de relecture que les américains en 2016 (426 000 articles contre 409 000). Mais encore loin derrière l’Union Européenne qui dépasse les 600 000.
Un classement qui, cependant, présente des biais puisque aujourd’hui la recherche est surtout le fruit d’équipes internationales. La NSF relève d’ailleurs que si l’on refait le classement avec le nom des auteurs, les Américains reprennent la tête. Une rectification qui ne doit pas entacher la réelle dynamique asiatique dont la Chine est désormais l’un des moteurs : on peut noter par exemple que le nombre de thésards atteint désormais 34000 contre 40000 aux Etats-Unis. Ces derniers accusent une réelle perte de vitesse en matière d’attractivité d’étudiants étrangers qui représentent habituellement une grande part de leurs doctorants.
De manière globale, on voit se déplacer depuis quelques années, la dynamique mondiale de l’innovation vers l’Asie. Selon le rapport de la NSF, l’Asie (Chine, Inde, Japon, Corée du Sud et les autres pays d’Asie du Sud-Est) représente en 2015 plus de 40 % des dépenses mondiales de R&D contre 25 % en 2000 quand l’Amérique du Nord est passé de 40 à 28 % et l’Europe de 27 % à moins de 22 %. En outre, si l’on regarde les investissements dans le capital des entreprises évoluant sur le marché des technologies émergentes, la Chine se montre là encore très attractive : elle a attiré en 2016, 27 % des capitaux mondiaux (en passant de 2,4Md€ en 2013 à 27Md€ en 2016).
Sophie Hoguin
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