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Décryptage

Quand l’énergie solaire produit du pétrole

Posté le par Pierre Thouverez dans Énergie

Belridge, l’un des plus vieux gisement de pétrole aux Etats-Unis, va se doter d’une gigantesque centrale thermo-solaire pour lui fournir de la vapeur d’eau. Aera Energy, l’opérateur du champ, explique vouloir ainsi réduire son empreinte carbone. Du solaire pour extraire du pétrole, un apparent paradoxe qui commence à séduire les pétroliers.

Centrale solaire de 850 MW

La compagnie GlassPoint Solar sera chargée de construire cette centrale solaire à concentration de 850 MW, capable de fournir assez de vapeur d’eau pour extraire 12 millions de barils par an, soit environ 40% de la capacité de production du gisement situé à Bakersfield, en Californie. Découvert en 1911, c’est l’un des plus vieux sites pétroliers des Etats-Unis. Après une période de déclin, l’amélioration des techniques de récupération (enhanced oil recovery) lui a redonné une nouvelle jeunesse. Or, ces procédés nécessitent beaucoup de vapeur d’eau pour fluidifier le pétrole lourd qu’abrite le réservoir. Jusqu’à maintenant, elle était produite par une centrale à gaz. L’opérateur Aera Energy, détenu par Shell et ExxonMobil, estime qu’il réduira ses émissions de CO2 de 376 000 tonnes, grâce à la centrale solaire dont la mise en service est annoncée pour 2020. Une ferme photovoltaïque de 26,5 MW sera également construite pour répondre à une partie des besoins électriques du site.

Projet Miraah

Selon John O’Donnel de GlassPoint, la préoccupation environnementale n’est pas la seule qui motive les pétroliers américains, même s’ils sont soumis à un système cap & trade de leurs émissions de CO2. La chute des coûts des énergies renouvelables est également un facteur déterminant, tout comme la sécurité d’approvisionnement. Il prend ainsi  l’exemple d’Oman, où l’entreprise américaine a déjà construit une centrale solaire à concentration de 1 000 MW pour le projet Miraah. «À Oman, il y a un véritable problème d’approvisionnement en gaz, l’énergie solaire joue donc un rôle indispensable dans le pays», explique-t-il. Inutile de préciser que dans cette région, les conditions sont extrêmement favorables aux technologies solaires. Le norvégien Statoil étudie lui aussi la possibilité d’utiliser l’énergie solaire pour des projets au Brésil.

Si les écologistes sont plutôt réservés, c’est que le bilan carbone de ces initiatives consistant à utiliser les énergies renouvelables pour produire, et donc consommer, des énergies fossiles reste globalement négatif. Sauf à considérer que ces énergies carbonées auraient de toute manière été exploitées, d’une manière ou d’une autre. Un débat que Techniques de l’Ingénieur laisse ouvert à ses lecteurs.

Romain Chicheportiche

Pour aller plus loin

Posté le par Pierre Thouverez

Les derniers commentaires

  • Le carbonifère nous a légué le pétrole car végétal !

    Temps de cesser de faire ‘pête-rôles », et d’étudier des autoroutes et routes en gazon…, pour voitures solaires à pédales qui font garder la forme, avec roues tondeuses en impression 3D aérant le sol ?

    Et donc, dans les pays arides de réconcilier végétation régulées et palmeraies le long de routes de verdure enfin non étouffantes .avec irrigation adéquate ? https://nouvelelvis.wordpress.com


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