Pour arranger nos affaires, les scientifiques aussi se le sont demandé: pourquoi les oiseaux volent en V. Ils ont émis deux hypothèses. La première est que la formation en V est naturellement efficace d’un point de vue aérodynamique. Ils ont mis en parallèle les groupements d’avions militaires, qui pour épargner du carburant en profitant d’un phénomène d’aspiration, adoptent cette position.
La deuxième possibilité est que les oiseaux ont un leader capable de les guider. Mais cela n’a pas encore été prouvé et l’on pourrait tout aussi bien conjecturer qu’un oiseau est capable d’endosser n’importe quel rôle selon son placement au sein de la formation.
Une étude anglaise, publiée récemment sur le site Nature, conforte plutôt la première hypothèse. L’étude en question relate les expériences du physiologiste Steven Portugal, du Royal Veterinary College de Hartfield, sur des ibis, ces grands échassiers à long cou.
Ce qui s’est passé est simple. L’équipe de Steven Portugal a doté 14 jeunes ibis chauves (Geronticus eremita) de capteurs miniaturisés conçus par leurs soins. La chance a voulu que ces ibis fassent partie d’un projet de réintroduction, conduit par le biologiste Johannes Fritz. Les oiseaux ont ensuite été guidés de l’Autriche jusqu’en Italie par un petit avion – ce que l’on appelle « migration dirigée ».
Durant ce périple, les capteurs ont enregistré la position entretenue par chaque oiseau à l’intérieur du V. Plus tard, les données tirées du GPS couplé à celles de L’accéléromètre, qui lui, a servi à compter les battements d’ailes ainsi que leurs cadences, ont été analysées. Elles ont permis aux scientifiques d’en déduire que les ibis saisissent les courants porteurs et optimisent leur énergie. Cela indique qu’ils se placent à une distance adéquate de leurs congénères afin de profiter de ce fameux phénomène d’aspiration et qu’ils synchronisent leurs battements d’ailes.
Le vol d’un ibis serait donc calculé et confirmerait l’hypothèse du modèle aérodynamique. Pour Steven Portugal « il est impressionnant de voir à quel point ils sont conscients de la position de chacun de leurs compagnons de vol, et de ce que font les autres oiseaux ». Loin de révéler tous les mystères de ces grands oiseaux, cette découverte donne simplement quelques clés comportementales que les chercheurs auront sûrement à coeur d’étudier davantage, et sur d’autres espèces plus courantes (le pigeon par exemple).
Par Sébastien Tribot, journaliste scientifique
Cet article se trouve dans le dossier :
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