Selon le dernier baromètre trimestriel publié par Bpifrance Le Lab et Rexecode, les PME et les TPE françaises vont légèrement réduire leurs dépenses d'investissement en 2024. Ce fléchissement ne remet pas en cause la dynamique à venir de ces entreprises, qui sont confrontées à des difficultés qui freinent leur croissance.
Comme chaque trimestre, Bpifrance Le Lab et Rexecode viennent de publier leur dernière enquête relative à la santé économique des PME/TPE. Plus de 3 200 dirigeants des secteurs marchands non agricoles ont été interrogés par voie numérique, dont les entreprises comptent entre 1 et 250 salariés et réalisent moins de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires. Au total, plus de 900 questionnaires dont les réponses ont été jugées suffisamment complètes et fiables ont été analysés pour réaliser ce nouveau baromètre.
L’enquête révèle que les intentions d’investissement sont en légère baisse, une tendance qui vient confirmer le ralentissement attendu par la Banque de France en 2024. La moitié des dirigeants de PME/TPE ont annoncé avoir déjà investi ou ont prévu d’investir cette année, alors qu’ils étaient 55 % en 2023. Les montants investis se redressent sur ce trimestre, ils affichent un recul de 8 % sur un an et restent sensiblement inférieurs à la moyenne observée avant la crise sanitaire.
Ces dépenses sont principalement destinées au renouvellement et à la modernisation d’équipements et d’installations de l’outil productif, tandis que l’environnement est le troisième motif d’investissement et inclut également l’objectif de réaliser des économies d’énergie. À un horizon de 5 ans, la dynamique d’investissement devrait se maintenir globalement selon cette enquête, même si les dirigeants semblent moins optimistes qu’il y a 3 ans sur l’évolution future de leurs dépenses à plus long terme. Il apparaît que certains domaines d’investissement sont plus porteurs que d’autres, comme ceux liés à la R&D et à l’innovation, aux enjeux environnementaux, à la digitalisation et à la robotisation, ainsi qu’à l’intelligence artificielle.
Pour investir, encore faut-il en avoir les moyens financiers. Les trois quarts des dirigeants ayant cette intention en 2024 ou l’ayant déjà fait devraient avoir recours au crédit, une proportion en hausse, mais toujours nettement inférieure à la moyenne pré-Covid (82 %). Parmi ceux-ci, 17 % signalent des difficultés pour financer leurs investissements par les établissements bancaires, une proportion en léger recul sur un an et proche de la moyenne pré-Covid (15 %). Ils sont aussi 21 % à déclarer rencontrer des difficultés pour financer l’exploitation courante de leur entreprise pour faire face à leur charge mensuelle.
Les difficultés de recrutement demeurent le premier frein à la croissance
Quant à la trésorerie, même si elle s’est légèrement détendue ce dernier trimestre, selon les dirigeants interrogés, elle demeure toutefois nettement inférieure (-13 %) à la moyenne historique des années 2018 à 2023. Résultat : près d’un tiers des chefs d’entreprise jugent leur trésorerie difficile, une proportion en légère hausse sur le trimestre et similaire à celle observée il y a 6 mois. Les dirigeants se montrent tout de même bien plus optimistes s’agissant de l’évolution à venir de leur trésorerie, puisque le solde d’opinion sur les perspectives de trésorerie à trois mois grimpe de 8 %.
Les difficultés à recruter apparaissent comme le premier frein à la croissance des PME/TPE, puisque cette contrainte est citée par la moitié des dirigeants de l’enquête. Cette proportion progresse ce trimestre de 3 %, mais reste inférieure à celle observée avant la crise sanitaire, qui concernait 54 % des chefs d’entreprise en moyenne sur 2018-2019. Le deuxième frein concerne le manque actuel de débouchés, qui continue de progresser de 7 % sur un an. La concurrence redevient le troisième frein à la croissance, mentionnée par 29 % des dirigeants, devant les coûts et les prix trop élevés.
Des difficultés d’approvisionnement sont également mentionnées dans ce baromètre. Elles sont liées à des hausses de prix des intrants et du coût du transport, à des allongements des délais de livraison, ainsi qu’à des pénuries. Près de la moitié des dirigeants déclarent y être confrontés. Et près d’un tiers d’entre eux ont rencontré des difficultés d’approvisionnement ou des perturbations sur leurs chaînes de fournisseurs étrangers depuis 2020. Parmi eux, près des deux tiers ont pris des mesures pour les contenir, en augmentant leurs stocks et en diversifiant leurs fournisseurs. L’augmentation du recours à des fournisseurs plus proches géographiquement, en France ou dans l’Union Européenne, est également largement mis en avant. Près de la moitié des dirigeants ayant pris des mesures jugent qu’elles ont contribué à réduire leurs difficultés d’approvisionnement.
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