Le groupe français ORANO (ex-Areva) et le chinois XTC New Energy ont annoncé, en décembre 2024, la création de deux co-entreprises en France, pour la production de composants de batteries de véhicules électriques, dans le cadre du projet NEOMAT. Une annonce aussi enthousiasmante que surprenante, car elle intervient peu après une autre annonce qui a fait grand bruit : la faillite du suédois NORTHVOLT.
Le projet Neomat est né en mai 2023, avec la signature du partenariat entre les deux groupes et la décision de s’implanter à Dunkerque. 18 mois plus tard, ce partenariat a franchi une nouvelle étape, avec la création de deux co-entreprises qui porteront sur la construction de premières usines :
- Neomat CAM sera chargée de la fabrication des matériaux actifs de cathode ;
- Neomat PCAM produira les précurseurs.
Y a-t-il un avenir pour la fabrication de batteries en Europe ?
La question est légitime, car tout le monde a en mémoire les récents déboires de Northvolt, contraint de demander sa mise sous protection (chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites), fin novembre. Il est vrai que la faillite de Northvolt, considéré comme le champion européen des batteries, a été perçue comme un vrai coup dur pour une filière déjà fragilisée par la concurrence chinoise et le ralentissement du marché automobile.
Cependant, la situation de Northvolt ne doit pas non plus être dramatisée (ce qui a été le cas fin 2024), ni généralisée. Car les difficultés de l’entreprise sont liées à des facteurs qui lui sont propres, notamment d’importants retards de production qui ont entraîné la perte d’un contrat de 2 milliards de dollars avec BMW. L’entreprise a donc été contrainte de se restructurer, ce qui a conduit à la suppression de 1 600 emplois sur les 6 500 que comptait son principal site de production à Skelleftea (nord de la Suède).
Mais tout n’est pas perdu pour autant pour l’usine suédoise ! Bien que l’entreprise soit toujours en difficulté, avec 5,84 milliards de dettes, Northvolt pourrait bien éviter la liquidation en 2025, puisque ses actionnaires ont voté, début janvier, la poursuite de l’activité.
Ce sauvetage annoncé de Northvolt est-il le signe que l’industrie européenne des batteries à un avenir ? C’est en tout cas l’avis de l’UE, qui considère l’industrie des batteries comme un secteur économique stratégique pour l’avenir.
C’est aussi l’avis des nombreux investisseurs du domaine, y compris en France. On peut citer Orano, mais aussi les créateurs de la co-entreprise Automative Cells Company (ACC) : Stellantis, Saft (filiale de TotalEnergies) et Mercedes-Benz.
Par ailleurs, comme le souligne Philippe Hatron, le nouveau directeur de l’activité batteries du groupe Orano, même si l’on observe une petite baisse des ventes de véhicules électriques en 2024 par rapport à 2023, la progression du marché de l’électrique est inéluctable : « Les projections les plus basses des institutions professionnelles affichent 8 millions de véhicules vendus à l’horizon 2035, tandis que les plus optimistes parlent de 16 millions. »
Un partenariat avec le chinois XTC et 1 700 emplois à la clé
C’est donc en pleine période d’incertitude pour la filière qu’Orano et son partenaire chinois XTC ont officialisé le projet Neomat, dont les futures usines seront déployées sur le site alloué par le Grand port maritime de Dunkerque (GPMD).
Les décisions d’investissement seront finalisées en 2025, lorsque les résultats de l’enquête publique seront connus et les carnets de commandes sécurisés. Si tout va bien, Neomat sera donc mis en service fin 2026 avec pour objectif de couvrir 10 % du marché européen.
Côté emploi, le plan de développement prévoit la création de 1 300 emplois directs et 400 indirects d’ici à 2030 : une aubaine pour le territoire dunkerquois, car l’emploi local sera privilégié !
Orano n’abandonne pas le recyclage des batteries !
Mais la construction de ces deux usines n’est que la première étape du projet Neomat.
En effet, Orano poursuit en parallèle les études qui permettront à son projet d’usine de recyclage des batteries de voir le jour, en se basant sur un procédé innovant, développé en interne par le groupe au Centre d’Innovation en Métallurgie Extractive (CIME), sur le site d’Orano de Bessines-sur-Gartempe (Nouvelle-Aquitaine).
Les travaux de la future usine de recyclage, qui sera également située sur le site industriel de Dunkerque de 53 hectares, commenceront ainsi en 2027.
Car il ne faut pas oublier que le recyclage des batteries est l’autre grand enjeu à moyen et long terme pour la filière, puisque le recyclage des batteries (et des déchets issus des gigafactories) pourrait permettre de couvrir 14 % des besoins en lithium en 2030, 16 % des besoins en nickel et un quart des besoins en cobalt, selon une étude de Transport&Environment.
De son côté, Northvolt a malheureusement dû céder ses parts dans Hydrovolt, sa co-entreprise spécialisée dans le recyclage des batteries. Notons par ailleurs qu’Hydrovolt, désormais sous le contrôle de Norsk Hydro, a également prévu d’implanter un centre de retraitement des batteries à Hordain, dans les Hauts-de-France, en 2025.
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