Le métier d’ingénieur évolue dans toutes ses dimensions depuis quelques années. Si la transition énergétique draine tout un panel de nouveaux métiers de l’ingénierie et crée de nombreux emplois, certaines compétences désespérément recherchées par l’industrie souffrent toujours d’un manque de candidats.
C’est une problématique récurrente depuis un bon moment dans le paysage industriel tricolore. En effet, si on considère les postes d’ingénieurs sur le territoire, pourvus ou non, on constate au final un sous-effectif : il n’y a pas assez d’ingénieurs ! Ou plutôt, il y en a trop dans certains secteurs, et pas suffisamment dans d’autres. Plus largement, les recrutements d’ingénieurs aujourd’hui sont très spécifiques. Les recruteurs cherchent des compétences très précises, sur le secteur du numérique par exemple, mais exigent aussi de la part des candidats des sensibilités en termes de RSE par exemple, ce qui est relativement récent, et enfin une certaine forme de performance dans la polyvalence.
Pour être à l’équilibre, la France a besoin de 65 000 nouveaux ingénieurs chaque année. Il en manque aujourd’hui 18 000 pour être sur cette dynamique. En cause, les besoins de recrutement toujours plus importants, qui sont liés à deux phénomènes bien identifiés et marqueurs pour l’industrie. D’abord, la transition énergétique, qui impacte tous les secteurs industriels mais aussi France 2030 et le grand plan tricolore pour réindustrialiser le pays dans certains secteurs cibles.
Ces deux ambitions, parfois contradictoires, parfois complémentaires dans leur mise en œuvre effective, nécessitent l’investissement de plus en plus d’ingénieurs. Ces derniers, devant la quantité d’offres, ont tendance à suivre des carrières en changeant régulièrement d’entreprise, profitant de la quasi absence de chômage pour les diplômés.
Sans s’appesantir sur la nécessité de former de plus nombreux ingénieurs, et de les former sur des compétences précises liées aux besoins actuels, voyons dans les grandes lignes quel est le portrait robot de l’ingénieur de demain qui va pouvoir apporter sa pierre à l’ambition de réindustrialisation à la française, dans un contexte de transition énergétique et de sobriété.
Alors quels sont les “nouveaux” besoins en compétences d’ingénieries aujourd’hui ? Le besoin de réindustrialisation induit la nécessité de recruter dans tous les secteurs, et c’est cette réalité qui aboutit aujourd’hui à une pénurie d’ingénieurs, chose à laquelle les écoles d’ingénieurs essaient de s’adapter, quasiment en temps réel. Avec la nécessité de former aussi les professeurs sur ces sujets qui émergent, ce qui prend du temps. Les enjeux environnementaux occupent aujourd’hui une place qu’il convient de ne pas négliger. C’est vrai au niveau des recrutements dans les entreprises industrielles, mais c’est également une réalité au niveau des attentes des ingénieurs. Illustration, ces derniers sont, pour plus de deux tiers d’entre eux, prêts à dénoncer des agissements de leurs entreprises qui ne seraient pas vertueux en termes d’impact environnemental.
Dernier point, la nécessaire polyvalence des ingénieurs actuels, liée notamment aux impacts plus transversaux des activités industrielles aujourd’hui. Des impacts qui peuvent être soit d’ordre sociétaux, environnementaux, et qui nécessitent de la part des ingénieurs une capacité à intégrer dans leur travail des problématiques extérieures.
La féminisation du métier, elle, stagne depuis quelques années, et la récente réforme du bac laisse craindre un retour en arrière, alors que seulement 24 % des ingénieurs en poste sont aujourd’hui des femmes.
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