Lancé en octobre 2021 à la sortie de la crise de la Covid-19, France 2030 est un plan d’investissement qui vise à rattraper le retard industriel français, à la création de nouvelles filières industrielles et technologiques et au soutien à la transition écologique. Des secteurs stratégiques sont ciblés, allant du spatial à l’énergie en passant par l’agriculture, le numérique ou la culture. Le secrétariat général pour l’investissement (SGPI) vient de publier un rapport sur l’état d’avancement de ce programme. À la fin de l’année 2023, il apparaît que sur les 54 milliards de crédits alloués, 29,9 milliards d’euros ont déjà été engagés.
Dans le détail, 3 650 projets ont été financés et ont bénéficié à près de 6 000 lauréats. Les PME et les ETI se répartissent plus de la moitié des aides (56 %), suivis des organismes de recherche, des collectivités et des établissements publics (19 %), des grands groupes (16 %), et enfin des personnes physiques et des associations (9 %). Le rapport fait état de plus de 82 000 emplois directs prévisionnels créés ou maintenus ainsi que de plus de 4 500 brevets déposés ou en cours de dépôts.
Pour connaître quels sont les premiers impacts de ce vaste plan stratégique, il faut se reporter au dernier rapport du Comité de surveillance des investissements d’avenir (CSIA) publié en juin 2023. Chargé d’évaluer de manière indépendante ce programme d’investissement, le CSIA estime que la mise en mouvement de certaines filières industrielles est déjà manifeste. Ainsi, dans le secteur automobile, la chaîne de valeur prend rapidement le virage du véhicule électrique, avec notamment quatre projets d’usines de batteries dont la production prévisionnelle est alignée avec l’objectif de produire 2 millions de véhicules par an en 2030. Dans le domaine de l’hydrogène, « la capacité d’électrolyse devrait atteindre 2,5 GW en 2027, soit 40 % de l’objectif national fixé pour la fin de la décennie », écrivent les experts du CSIA. Et en matière d’électronique, « la nouvelle usine de composants semi-conducteurs de Crolles a débuté sa production en juin 2023 et sa montée en charge contribuera à atténuer les tensions d’approvisionnement. »
Le rapport mentionne aussi l’émergence de nouveaux acteurs innovants dans certains écosystèmes en mutation. C’est le cas par exemple dans le domaine quantique, puisqu’une demi-douzaine de start-ups se sont lancées dans la course internationale à l’ordinateur quantique. Quant au domaine spatial, il s’est enrichi d’une vingtaine de projets très innovants de minis et micro-lanceurs, de systèmes pour les services en orbite ou pour la surveillance de l’environnement orbital. Enfin, en matière de santé, un nouveau tissu d’acteurs est sur le point d’émerger dans le secteur des biothérapies et de la bioprodution.
Des créations d’emplois estimées entre 288 000 et 600 000 à l’horizon 2030
Lors de sa création, le plan France 2030 s’est aussi donné pour objectif transversal de consacrer 50 % de ses dépenses à la décarbonation de l’économie. À ce titre, le CSIA estime que 46 % des moyens alloués ont un impact potentiel favorable sur la décarbonation de l’économie. Plus précisément, 21 % ont un impact favorable, direct et pérenne tandis que 25 % ont un impact favorable, indirect ou controversé.
D’une manière plus globale, le CSIA conclut à « un potentiel d’impacts exceptionnel de France 2030 qui devrait augmenter le PIB de 40 milliards à 80 milliards d’euros et créer 288 000 à 600 000 emplois à l’horizon 2030. » En générant de la croissance et de l’emploi, les experts considèrent que les 54 milliards dépensés devraient être entièrement compensés par des gains en recettes publiques à moyen terme. Ils mettent aussi en avant la démarche territoriale de ce plan, avec la prise en compte des équilibres géographiques dans les investissements et la mobilisation des écosystèmes locaux, des collectivités territoriales et des services déconcentrés de l’État.
Pour que ce plan d’investissement soit encore plus pertinent, le Comité de surveillance formule plusieurs recommandations. Il propose notamment de cibler davantage les investissements et d’accentuer la personnalisation de l’accompagnement. Le montant médian des investissements, de l’ordre d’un million d’euros, pourrait par exemple être rehaussé, voire triplé. Alors que la France a l’ambition de participer à la compétition internationale dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), les experts du CSIA préconisent d’investir de manière plus importante dans l’IA générative. Dans le secteur de l’agriculture et de l’alimentation, ils conseillent de réorienter et de concentrer les actions vers un changement structurel de modèle. Par exemple, en fléchant un milliard d’euros vers des coopératives qui s’engageraient à un changement structurel des modes de production et des modèles économiques.
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