Reportage

Les plus belles innovations du salon Vivatech

Posté le 23 mai 2019
par Frédéric Monflier
dans Innovations sectorielles

A Vivatech, la robotique, l'IA, les objets connectés s'entremêlent avec les transports, l'énergie, la santé ou encore l'industrie cosmétique. Une véritable foire à l'innovation, dans tous les sens du terme, qui donne à voir chaque année de belles réalisations.

Promu comme le rendez-vous mondial des start-up et de l’innovation, rien de moins, le salon Vivatech, dont la quatrième édition s’est achevée samedi dernier, a rencontré un vif succès : d’après le décompte officiel, 124000 visiteurs se sont rendus à la Porte de Versailles à Paris durant ces trois jours. Soit une hausse de 24% de la fréquentation. Mais un événement aussi dense, accueillant plus de 13000 start-up, aurait mérité une organisation spatiale plus logique. N’aurait-il pas été préférable que les produits et solutions présentés soient regroupés par thématique technologique (IA, robotique…) ou secteur-métier (santé, fintech, énergie, transport…) ? Au contraire, Vivatech laissait l’impression d’un dédale, sans fil rouge, où de grands groupes ayant déjà peu en commun (LVMH, Citroën, Google, Engie et tant d’autres) battaient pavillon à côté de régions françaises désireuses de montrer les «poulains» qu’elles soutiennent. Pour les visiteurs, la lisibilité était loin d’être optimale, et certaines start-up n’ont peut-être pas obtenu la visibilité qu’elles cherchaient. Les organisateurs auront le temps, d’ici à l’an prochain, de réfléchir à quelques aménagements au profit de tous.

Les solutions : neuf innovations à retenir

Pour le transport

La plupart des salons ont leur lot d’attractions spectaculaires et l’Aeromobil fait assurément partie de celles-là. Inventée par la société slovaque du même nom, cet engin long de près de 6 mètres roule sur les chaussées traditionnelles mais peut aussi déployer ses ailes et emprunter la voie des airs, à la manière de la fameuse Citroën de Fantomas. Le passage d’une configuration à l’autre s’opère en trois minutes. L’Aeromobil bénéficie d’un habitacle fabriqué en fibres de carbone et d’un réservoir de 90 litres, offrant une autonomie de 100 km en mode routier et de 750 kilomètres en mode aérien. C’est la quatrième version d’un projet débuté en 2010 et disponible en pré-commande, à un prix voisin de 1,5 million d’euros.

D’origine allemande, Urmo est un gyropode qui se veut pratique : il se plie et se déplie en deux secondes. Une fois plié, il se transporte à la main, grâce à la poignée centrale, ou se range facilement dans un coin. La version finale, dont la commercialisation est prévue d’ici à la fin de l’année, devrait accuser un poids de 7 kg seulement. La batterie se recharge en 45 minutes et assure 20 kilomètres d’autonomie (en fonction du poids de l’utilisateur, du dénivelé du parcours, etc.). La vitesse de pointe est annoncée à 18 km/h. Les pneus, en caoutchouc souple, ont l’avantage d’être increvables.

Issue des universités de Varsovie et de Wroclaw, l’entreprise polonaise Hyper Poland élabore des techniques pour améliorer graduellement la vitesse du transport ferroviaire, jusqu’à envisager les 1200 km/h, la valeur-étalon du projet Hyperloop de SpaceX. Première étape : la modernisation de la voie ferrée existante, par l’ajout de rails magnétiques et de moteurs linéaires, pour l’obtention d’une vitesse de 300 km/h. Deuxième étape : «tuber» cette voie ferrée pour maintenir une atmosphère à basse pression, afin de doubler la vitesse. Troisième et dernière étape, la plus complexe : construire une nouvelle infrastructure pour multiplier à nouveau les performances par deux. La dernière levée de fonds (plus de 200000 € via financement participatif) servira à développer des prototypes, avant la mise sur le marché prévue en 2022.

Pour préserver l’environnement

Pour s’implanter dans la Smart City, la société parisienne Tohar a mis au point le lampadaire autonome Showair. Celui-ci est équipé de capteurs pour mesurer l’indice de particules fines (PM10/2.5), d’un écran tactile pour informer les passants et d’un système de filtration voire d’humidification en option (par récupération d’eau de pluie) pour assainir l’air. L’énergie, stockée dans une batterie, provient d’un panneau solaire de 50 ou 160 watts, selon la version du lampadaire (4,5 ou 7,5 mètres), qui alimente également l’éclairage LED de 35 lux. Les collectivités intéressées peuvent acquérir directement Showair ou opter pour la location avec option d’achat ou longue durée. Tohar est en discussion avec la mairie de Bondy (Seine-Saint-Denis).

Conçue par la start-up Greenbig, la machine b:bot collecte, trie et broie les bouteilles plastiques en vue de leur recyclage. Chaque bouteille déposée est analysée par l’intermédiaire d’un lecteur de code-barres et d’une série de capteurs qui détermine sa taille, son poids, etc. Elle est ensuite déchiquetée et stockée dans le bac adapté à la nature du plastique : incolore ou coloré. Quelque 75 kg de matière peuvent ainsi être recueillis, soit l’équivalent de 3000 bouteilles. Le produit ainsi obtenu est mieux valorisé dans les filières de recyclage (600 € contre 200 € la tonne) et les coûts seraient divisés par trois, comparés à ceux d’une classique solution de compactage. A titre incitatif, des bons d’achat ou des points sur la carte de fidélité sont délivrés. Seize machines seront déployées d’ici à juin dans des super et hypermarchés d’Ile-de-France, de Normandie et des Hauts-de-France.

Œuvre d’une entreprise néerlandaise, Hydraloop désinfecte les eaux grises du foyer, typiquement les eaux provenant de l’évacuation de la douche et de la baignoire, en vue de les recycler dans la chasse d’eau, la machine à laver ou l’arrosage du jardin. Selon le fabricant, qui se base sur une consommation quotidienne de 133 litres par personne, 63 litres pourraient ainsi être recyclés. Ce traitement des eaux usées fait l’économie d’un filtre et repose notamment sur des processus de décantation, un bioréacteur et des ultra-violets. Deux versions sont disponibles, avec ou sans collecte des eaux de la machine à laver. L’installation d’Hydraloop s’envisage dans un projet résidentiel neuf ou une grosse rénovation.

Pour améliorer le quotidien

Les horticulteurs et les pépiniéristes gèrent des parcs de plusieurs milliers de pots qui, selon la saison, doivent être resserrés, éloignés les uns des autres ou transférés sur un autre lit de production. Ce sont des tâches laborieuses que le robot Trooper, réalisé par Instar Robotics, se propose d’accomplir à la place du personnel saisonnier. Ce robot de 40 kg, tout-terrain, est muni d’un préhenseur, pour se saisir des pots (10 kg max), et d’un magasin interchangeable où il stocke les pots temporairement en vue de les déplacer d’un point à l’autre. Il navigue grâce à l’action combinée du GPS, d’un Lidar et d’un accéléromètre et met en œuvre des algorithmes de «machine learning» pour affiner la détection d’objets. La batterie, interchangeable à chaud pour la continuité de service, assure une autonomie entre 8 et 10 heures. Objectif : déplacer 250 pots à l’heure. Trooper sera expérimenté en conditions réelles à partir d’octobre, avant sa commercialisation prévue l’an prochain.

Travailler les bras en l’air finit par être éprouvant, à plus forte raison pour les techniciens et ouvriers dont le métier les y contraint. C’est pour les soulager que la start-up HMT (Human mechanical technologies) a créé ce dispositif d’assistance physique, qui répartit la charge et les efforts sur le bas du corps. La sollicitation des épaules serait ainsi de 30 à 40% moindre. Cet exosquelette est passif (sans moteur) et fabriqué en aluminium, par souci de légèreté. Il est actuellement testé à Moissac (Tarn-et-Garonne) par les techniciens d’Enedis et se montre utile pour les opérations de maintenance sur les lignes à haute tension et pour la préparation de nouveaux chantiers. HMT cible d’autres filières, comme l’industrie pharmaceutique, l’aéronautique et le BTP.

Mieux dormir, ça s’apprend. Plus exactement, cela nécessite de préparer son cerveau, un rôle attribué à ce casque et à son application mobile, développés par le groupe Urgo. Le principe consiste à stimuler la production des ondes cérébrales qui favorisent l’endormissement et protègent le sommeil contre les perturbations extérieures. Le casque, qui ne se porte pas la nuit, est l’instrument de mesure qui permet d’estimer les progrès. En fonction de ces données, l’application mobile propose quant à elle une série d’exercices personnalisée. A raison d’un entraînement régulier de trois sessions par semaine, les premiers résultats positifs se feraient sentir au bout de trois mois. Technique courante utilisée dans certains centres spécialisés du sommeil, le «neurofeedback» devient ainsi accessible au grand public. Des essais cliniques d’Urgo Night ont débuté en France et aux Pays-Bas, avant le lancement commercial l’an prochain.


Pour aller plus loin