Le bruit coûte très cher à la société française : 155,7 milliards d’euros précisément, selon une étude récemment publiée par le Conseil National du Bruit (CNB) et l’Ademe. L’évaluation estime que les effets du bruit touchent directement 25 millions de personnes en France chaque année. Pourtant, une part importante de ces coûts pourraient être évitée grâce à quelques mesures d’évitement simultanées du bruit et de la pollution de l’air. L’étude en met en lumière quatre qui présentent « un ratio très intéressant entre les bénéfices attendus et les coûts investis », « les bénéfices sociaux apportés étant très largement supérieurs aux coûts des investissements nécessaires », selon les auteurs.
Des coûts évitables en luttant contre la pollution de l’air
Pour évaluer la portée des mesures d’évitement, les auteurs calculent un ratio bénéfices/coûts. Celui-ci représente le rapport entre les bénéfices sociaux qui pourraient découler de la mesure en termes d’amélioration du bien-être de la population additionnés aux coûts évités pour la collectivité, et le coût de la mise en œuvre de cette mesure. La mesure la plus rentable consiste de loin à réduire les vitesses sur voies rapides : elle présente un ratio bénéfices/coûts sur dix ans de 685. La mise en place de zones à faibles émissions de mobilité (ZFE-m), comme cela a récemment été introduit par la loi Climat, participe également à réduire ce coût social du bruit. La mesure présente un ratio bénéfices/coûts sur 4 ans de 13. L’amélioration de la qualité acoustique des bâtiments scolaires présente pour sa part un ratio annuel de 10. Enfin, l’application d’une charte « chantier propre » présente un ratio annuel de 3.
Ce coût social du bruit provient à plus de deux tiers des transports : 51,8 % sont dus au bruit routier, 9,4 % au bruit aérien et 7,2 % au bruit ferroviaire. En deuxième ligne se trouvent les bruits liés au voisinage (16,9 %) avec en tête le bruit des particuliers, suivi par le bruit des chantiers et des activités professionnelles. Ensuite, l’étude attribue 13,5 % de ce coût social au milieu du travail, à répartir entre les milieux industriel et tertiaire, scolaire et hospitalier. Enfin, les deux organismes ont évalué les dépenses transversales de surveillance, d’information, d’études et de recherche à 1,3 % de ce coût social du bruit.
Des impacts sanitaires qui touchent 25 millions de personnes
Pour chacune des familles de sources de bruit étudiées, les auteurs ont évalué les effets sanitaires. « Gêne, perturbations du sommeil, maladies cardiovasculaires, obésité, diabète, troubles de la santé mentale, difficultés d’apprentissage, médication, hospitalisation, maladies et accidents professionnels », énumèrent les auteurs. Par exemple, la forte gêne liée au bruit concerne 17,2 millions de personnes en France. En plus, 3,9 millions de personnes connaissent des perturbations du sommeil à cause du bruit, 1,4 million deviennent obèses et 1,1 million ont des difficultés d’apprentissage. En plus, la France enregistrerait 154 000 accidents du travail en lien direct avec le bruit et 600 nouveaux cas de surdité professionnelle chaque année.
L’étude a délimité deux types de coûts pour réaliser ces évaluations : les coûts marchands, correspondant aux dépenses directement quantifiables, et les coûts non marchands. Ces derniers sont estimés par la valorisation des années de vie en bonne santé perdues. Ils prennent également en compte la mortalité prématurée du fait de la pollution sonore. Les coûts sanitaires non marchands – gêne, perturbations du sommeil, maladies cardiovasculaires, obésité, troubles de santé mentale, difficultés d’apprentissage et diabète – s’élèvent à 134,3 milliards d’euros. Ils représentent ainsi 86 % de ce coût social du bruit. Les coûts marchands – pertes de productivité, surveillance et R&D, dépréciation immobilière et assurance maladie – s’élèvent à 21,4 milliards d’euros, soit 14 % de ce coût social du bruit.
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution sonore constitue le deuxième facteur environnemental provoquant le plus de dommages sanitaires en Europe, derrière la pollution de l’air. Selon l’OMS, environ 20 % de la population européenne, soit plus de 100 millions de personnes, est exposée de manière chronique à des niveaux de bruit préjudiciables à la santé humaine.
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