Le 13 septembre, Marc Rumeau, président d’IESF, et Marie-Liesse Bizard, présidente de l'Observatoire des ingénieurs, ont présenté les résultats de la 34e enquête annuelle de l’observatoire des ingénieurs et scientifiques de France.
Les intervenants ont commencé leur présentation sur les embauches de jeunes ingénieurs diplômés est en légère reprise depuis la pandémie. Cette première note positive est tempérée par l’évocation de deux réformes aux effets négatifs : celle du lycée en 2019, qui a fait perdre aux mathématiques sont statut de matière incontournable de l’ancien bac scientifique[1], puis celle du baccalauréat en 2021, qui a vu disparaître la distinction en filières spécialisées et n’a pas encouragé les vocations des futurs ingénieurs, notamment chez les jeunes filles[2].
Trop peu de femmes ingénieures
D’une manière générale, la restitution de cette enquête est l’occasion de mettre l’accent sur le faible nombre de femmes ingénieures. Elles représentent en effet seulement 24% des 1 114 000 ingénieurs en activité[3]. Ce chiffre est relativement stable depuis 2011. Les jeunes femmes s’orientent plus vers les sciences de la vie ou de la terre, la chimie, la biologie, l’agronomie, les métiers de l’eau, avec des rémunérations peu avantageuses. Alors que les hommes sont majoritaires dans les spécialités suivantes : électronique, mécanique, informatique. Ils encouragent une meilleure répartition des hommes et des femmes dans les branches des STEM, c’est-à-dire « Science Technology Engineering Mathematics ». Le peu de femmes employées dans le secteur du numérique est également souligné.
Les voies d’apprentissage se diversifient
L’augmentation de l’apprentissage en alternance est saluée par les intervenants. C’est aussi une voie d’excellence et les écoles d’ingénieurs les plus prestigieuses, Polytechnique, Arts et Métiers inclus, développent des filières d’apprentissage.
Toujours sur le parcours de formation, la filière des Bachelors permet par voie de passerelle d’obtenir un diplôme, au même titre que les étudiants formés via une classe préparatoire.
Les besoins liés à la réindustrialisation
16,7% des diplômés se tournent vers la production. « C’est un marqueur fort qui nous rappelle la désindustrialisation que nous connaissons en France depuis 30 ans, puisqu’on est à un maigre 10% du PIB, le poids de l’industrie dans la création de richesse de ce pays », souligne Marc Rumeau. « France 2030 et autres programmes de réindustrialisation sont en place et devraient aider, mais il reste encore beaucoup de travail, et en particulier, il manque encore beaucoup de bras, garçons ou filles », poursuit-il.
Encourager les vocations, face aux difficultés de recrutement
L’édition, l’audiovisuel, la diffusion, l’hébergement, la restauration sont des secteurs que l’enquête dévoile comme en manque crucial d’ingénieurs. Ils sont particulièrement touchés mais des ingénieurs manquent dans de nombreux domaines.
Marie-Liesse Bizard intervient du point de vue des ressources humaines. Elle souligne l’importance de l’intégration ou « onboarding », de l’accueil et de l’implication, pendant les premières années des ingénieurs dans les entreprises. Elle explique que « les programmes liés à l’environnement sont des sujets qui inspirent beaucoup les ingénieurs » et elle explique que “des questions sur la conjoncture, le télétravail, l’accompagnement dans la gestion de carrière » ont été ajoutées au questionnaire de l’enquête.
Des événements pour susciter les vocations
Des actions sont menées pour susciter la vocation de futurs ingénieurs. Courant septembre, les Worldskills, olympiades des métiers à Lyon, ont permis de mettre en avant le rayonnement des ingénieurs, particulièrement les spécialistes du cloud. La maison Poincaré[4] dédiée aux mathématiques a été inaugurée ce 27 septembre, à l’initiative du CNRS. Événement en ligne dédié aux filles et soutenu par le Ministère de la Culture, le projet « Lecture et vocation scientifique chez les filles », a été proposé début octobre. Et, à venir, lors des JO 2024, avec les actions de challenge scientifique[5], des athlètes pourront être soutenus, notamment des compétitrices, tout au long des jeux.
Et l’éthique ?
La question de l’éthique au travail était bien présente à travers les questions posées dans la cadre de l’enquête. Il en ressort que cette préoccupation a une importance croissante. Ainsi, en 2023, 77% des ingénieurs qui observent un manquement à l’éthique se disent prêts à faire un signalement[6].
IESF a mis en place une charte d’éthique[7] adressée aux élèves des écoles d’ingénieurs et aux jeunes diplômés. IESF essaie de systématiser cette charte dans les écoles et les entreprises.
Voir la présentation en replay
Cette 34ème édition de l’Enquête Nationale IESF repose sur les plus de 42 000 réponses obtenues auprès d’ingénieurs et scientifiques de France.
[2] Concernant la réforme du baccalauréat
[3] Sur 1 225 000 ingénieurs diplômés
[5] Sciences 2024
[6] en large augmentation par rapport aux 68% de
2021
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