Un nouveau rapport du think thank Carbon Tracker dévoile que les principales majors pétrolières ont consenti 50 milliards de dollars d’investissements dans 18 projets qui risquent une forte dévalorisation de leurs actifs dans un monde bas carbone. Dans un scénario de réchauffement à 1,6°C d’ici 2100 (au regard du scénario de l’AIE pour rester en dessous des 2°C), seuls les projets pétroliers avec un prix du baril sous les 40 dollars seront rentables, estime l’étude. Mauvaise nouvelle : les projets identifiés nécessitent un prix du baril plus élevé, d’au moins 60 dollars pour être rentables. Parmi les projets les plus risqués, notons le projet Aspen sur l’exploitation de sables bitumineux, porté par ExxonMobil au Canada. Il requiert un baril à plus de 80 dollars pour un rendement de 15%.
Des majors pétrolières qui risquent gros
En fondant leurs décisions sur un monde à 2,7°C, Carbon Tracker alerte sur le fait que les grandes compagnies pétrolières risquent de perdre 2200 milliards de dollars d’ici 2030. « Les investisseurs devraient remettre en question les dépenses des entreprises pour la production de nouveaux combustibles fossiles, estime Andrew Grant, analyse chez Carbon Tracker et auteur du rapport. La meilleure façon de préserver à la fois la valeur pour les actionnaires et de s’aligner sur les objectifs climatiques sera de se concentrer sur des projets à faible coût qui dégageront les meilleurs rendements. »
De toutes les majors pétrolières, ExxonMobil est celle qui court le plus grand risque de dévalorisation de ses actifs. Plus de 90% de ses investissements prévus sur la période 2019-2030 concernent de nouveaux projets incompatibles avec l’accord de Paris. C’est le cas de 70% des projets pour Shell, 67% pour Total, 60% pour Chevron, 57% pour BP et 55% pour Eni. Carbon Tracker estime que d’ici 2030 la valeur du portefeuille d’investissements de Shell, Total, Chevron, BP et Eni risque de diminuer de moitié si elles continuent d’agir contre les objectifs de l’accord de Paris.
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