La France s’est fixée pour objectif de produire, d’ici à 2030, 6,5 GW d’hydrogène par électrolyse. Au niveau européen, de nombreux projets voient le jour pour monter en cadence sur la production d’électrolyseurs MEP (membrane à échangeurs de protons), une technologie efficace mais coûteuse. Alors que la Chine produit en masse des électrolyseurs alcalins, moins efficaces car plus longs à démarrer, mais moins coûteux.
Aujourd’hui, sur les 132 projets européens candidats aux fonds européens alloués par la banque européenne de l’hydrogène, 20 projets font appel à des électrolyseurs chinois. Un chiffre relativement peu élevé, mais qui alerte le vieux continent sur le besoin d’être attentif, pour éviter, comme cela se passe actuellement avec le solaire ou les batteries, de voir les produits chinois noyauter les systèmes de production d’hydrogène européens.
De fait, la stratégie chinoise sur l’hydrogène diffère largement de la stratégie européenne en la matière. Alors que la majeure partie de l’hydrogène au niveau mondial est produite via des technologies ayant un fort impact en termes d’émissions de CO2, l’Europe s’est fixé des objectifs pour accroître rapidement la production d’hydrogène vert, à partir d’électrolyseurs alimentés par de l’électricité produite de manière décarbonée. En France par exemple, la production d’hydrogène par électrolyseurs alimentés par de l’électricité d’origine nucléaire entre totalement dans ce cadre.
La Chine, qui produit aujourd’hui un tiers de l’hydrogène mondial, le fait majoritairement via des procédés extrêmement carbonés. En 2020, 62% de l’hydrogène chinois était obtenu via l’utilisation de charbon, 19% à base de gaz naturel, et seulement 1% à partir d’électrolyseurs alimentés par des énergies renouvelables. 1%, c’est la proportion d’hydrogène vert produite également dans la plupart des pays du globe.
Finalement, la capacité à produire massivement de l’hydrogène vert par électrolyse dépend de la disponibilité en électricité renouvelable. Hors, la stratégie chinoise de production d’hydrogène vert s’étale plus dans le temps par rapport à la stratégie européenne. En Europe, l’objectif est d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, avec comme jalon, notamment, l’utilisation de 60% d’hydrogène vert par l’industrie d’ici 2035. Un objectif très ambitieux, dont on ne sait pas s’il est atteignable. Il est par contre évident qu’il sera très compliqué à atteindre… De son côté, la Chine a une ambition sur un laps de temps plus long. Le pays veut produire 15% de son hydrogène de manière renouvelable d’ici à 2030, puis 80% à l’horizon 2060. L’objectif chinois est donc moins ambitieux sur le court terme.
Quels sont les leviers pour atteindre ces objectifs ? Principalement le prix de l’hydrogène produit, qui va dépendre des technologies utilisées. Pour l’hydrogène vert, le coût des électrolyseurs est la variable à prendre en compte. Les électrolyseurs chinois coûtent moins cher que leurs équivalents européens, car les technologies ne sont pas les mêmes, même si le reste de l’installation est plus coûteux du côté chinois.
Ensuite, l’efficacité des électrolyseurs. Sur ce point, les dispositifs produits en Europe sont plus efficaces.
Enfin, et c’est là que se dessine aujourd’hui le gouffre qui sépare l’Europe de la Chine, la disponibilité en énergies renouvelables. La Chine dispose aujourd’hui d’un parc solaire et éolien performant et complémentaire, notamment grâce à sa superficie immense et des ressources inégalées en termes de vent et d’ensoleillement. C’est ce qui, aujourd’hui, laisse entrevoir une capacité plus grande de la Chine à produire de grandes quantités d’hydrogène vert dans les décennies à venir.
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