Les médias parlaient alors du solde commercial « hors pétrole », laissant supposer que cet incident mineur dans les prix de la ressource ne serait que passager et que reviendrait rapidement le temps d’une énergie bon-marché qui avait caractérisé les trois décennies glorieuses d’après-guerre. Or, comme tout le monde le sait à-présent, il n’en a rien été.
Pour renouer avec cette tradition, bien de chez nous, je peux vous annoncer que le solde du commerce extérieur de notre pays, « hors pétrole et gaz » est quasiment à l’équilibre. Alors tout va bien me direz-vous ! A une condition cependant, que les cours du gaz naturel et du pétrole soient réduits de 90% durant la décennie à venir…hypothèse possible mais peu probable.
Un examen des données publiées par les Douanes sur ce thème du solde du commerce extérieur (TAB.I) à la fin du mois de Mai dernier, montre que les importations sur les douze derniers mois, de pétrole et de produits pétroliers, corrigées des exportations, ont coûté à la France dans les 50 milliards d’euros. Une analyse rigoureuse des effets volumes et des effets prix sur les variations par rapport aux années antérieures n’est pas évidente à mener, mais il est possible de constater que ce poste, cumul des deux premières lignes du Tableau, a toujours été depuis 2011 supérieur ou égal à ces 50 milliards d’euros, en accord avec une très faible décroissance des consommations de produits pétroliers de la France durant la dernière décennie, et une baisse des activités de raffinage avec transfert des importations de pétrole brut vers celles de produits raffinés plus onéreux.
Tableau.1 : solde exportateur net de la France en produits énergétiques et autres produits à forte teneur énergétique. (Douanes)
Il ressort de ces données qu’à court et moyen terme, le problème de la France n’est pas de produire plus d’énergies renouvelables, mais c’est de consommer moins de gaz et de pétrole. Or dans une économie aux ressources contraintes, ce qui est le cas de notre pays, se tromper de « tempo », peut être une faute très grave.
Faut-il investir en priorité dans la suppression des consommations de fioul domestique ou dans les éoliennes offshores en surnombre en Europe ?
Vu des données du commerce extérieur et de l’objectif majeur de rétablissement de bonne santé économique de notre pays, il est clair que c’est le poste de réduction des consommations qu’il faut privilégier et laisser le poste onéreux des énergies intermittentes à notre riche voisine allemande, largement spécialisée sur ce sujet hors de prix.
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Par Raymond Bonnaterre