Afin d’éviter un effondrement du secteur automobile, le gouvernement a mis en place un plan de relance. Lors de sa visite à l’usine Valéo d’Etaples-sur-mer (Pas-de-Calais) le mardi 26 mai, Emmanuel Macron a annoncé que l’État débourserait dans les prochaines semaines huit milliards d’euros. Cette somme servira essentiellement à soutenir les unités de production, et à redynamiser les ventes de véhicules. De plus, le chef de l’État a affiché son ambition de faire de la France « le leader européen de la production de véhicules électriques ». « Ce plan est indéniablement historique par l’ampleur du soutien économique qu’il apporte mais également par la transition vers l’électrification qu’il soutient » félicite Emmanuel Palliet, responsable du département Développement durable chez Syndex.
« La filière automobile fait face à deux révolutions technologiques […] : celle de la motorisation électrique et du guidage autonome. La France […] doit réussir ces révolutions environnementale et numérique et nous devons mettre tous les moyens pour y parvenir », affirme le gouvernement dans une déclaration officielle. Pour cela, l’État souhaite favoriser le renouvellement du parc automobile, en privilégiant les véhicules propres. Dès le 1er juin, le bonus écologique sera augmenté, et ira jusqu’à 7 000 euros pour l’achat de voitures électriques. Dans le même temps, le président de la République s’est engagé à installer davantage de bornes de rechargement. L’objectif de 100 000 bornes opérationnelles en 2022 a été avancé à 2021. Le plan de relance comporte également des volets concernant les véhicules à moteur thermiques.
Renforcer les unités de production françaises
Une enveloppe de 1,5 milliard d’euros sera allouée à la modernisation des chaînes de production et à l’innovation écologique, y compris chez les sous-traitants. L’objectif recherché par le gouvernement est d’assurer la fabrication de ces nouveaux véhicules propres sur le territoire national. Le groupe PSA s’est par ailleurs engagé à produire la Peugeot 3008 sur ses sites de Poissy et de Sochaux. De plus, le deuxième constructeur automobile européen envisage de produire 130 000 véhicules en France en 2021. Et si les engagements de Renault sont encore à confirmer, de son côté le groupe semble s’être tout de même engagé à produire 240 000 véhicules en France à l’horizon 2024.
La relocalisation des activités industrielles de l’automobile en France devrait également concerner les équipementiers. Selon Emmanuel Macron, le nouveau moteur électrique de l’alliance Renault pourrait être mis au point dans l’usine de Cléon (Seine-Maritime). À l’origine, le projet devait être réalisé en Asie. Le gouvernement a également accordé 100 millions d’euros d’investissements à Valéo pour le développement de sa pile 48 V. Michelin concevra sa pile hydrogène à Lyon. Pour le chef de l’État, ce plan est essentiel pour garder les emplois et les compétences en France, et éviter les faillites et les plans sociaux.
Des écologistes très peu convaincus
Mais les annonces d’Emmanuel Macron ont suscité plusieurs interrogations et mécontentements. « Le plan de soutien annoncé par Emmanuel Macron fait fausse route et perpétue une dépendance néfaste à la voiture individuelle, qu’elle soit électrique, hybride ou thermique, incompatible avec la transition écologique et sociale », déplore Sarah Fayolle, chargée de campagne Transports chez Greenpeace France. Plusieurs acteurs accusent le fait que les mesures prises par le gouvernement concernent également les véhicules thermiques ou hybrides. « Les hybrides sont des émetteurs de CO2 donc une fausse bonne idée. Nous n’avons pas de temps ni d’argent à consacrer à des solutions provisoires », assène Julia Poliscanova, chargée véhicules propres et e-mobilité chez Transport et Environnement.
En somme, les représentants écologistes semblent estimer que les bonnes volontés du gouvernement ne sont pas assez abouties. « La voie proposée par le chef de l’État n’est pas la bonne. C’est de véhicules légers et accessibles à tous, compatibles avec la transition écologique dont nous avons besoin », estime Marie Chéron, Responsable Mobilité à la Fondation Nicolas Hulot. Un avis partagé par Agathe Bounfour, Responsable Transports au Réseau Action Climat. « Le gouvernement met en place une énième subvention aux véhicules diesel/essence et aucun coup de frein sur le développement massif de la production de SUV n’a été prévu », regrette-t-elle. L’économiste et porte-parole de l’association Attac Maxime Combes estime que ce plan de relance est « ennuyeux ».
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