Le désinvestissement dans le pétrole et le gaz commence. 50 institutions financières internationales ont introduit des politiques limitant spécifiquement le forage des sables bitumineux et/ou le forage en Arctique.
« Plus de 140 institutions financières mondiales ont déjà restreint le financement, l’assurance et/ou l’investissement dans le charbon et nous assistons maintenant à un désinvestissement accéléré similaire de l’exploration pétrolière et gazière, à commencer par l’exploitation des sables bitumineux à haut risque et le forage dans l’Arctique », prévient Tim Buckley, directeur des études sur le financement de l’énergie de l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA). Les projets d’exploration pétrolière et gazière à haut risque auront de plus en plus de mal à trouver des financements à l’avenir.
Des engagements contre les sables bitumineux et le forage en Arctique
Le risque financier lié à l’investissement dans les sables bitumineux est désormais reconnu. L’IEEFA identifie 50 institutions financières internationales ayant introduit des politiques limitant dans son ensemble le forage des sables bitumineux et/ou du pétrole et du gaz en Arctique. Parmi elles, 26 banques commerciales, 7 banques multilatérales de développement, 5 groupes de gestion d’actifs, 11 assureurs ou réassureurs et un fonds de pension. Citons les institutions européennes – HSBC, Banco Santander, Deutsche Bank – et américaines – Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Citigroup, Wells Fargo et Morgan Stanley.
La Banque mondiale, BNP Paribas, le Groupe Crédit Agricole et AXA ont été les premières grandes institutions financières à introduire des politiques d’exclusion en 2017. Aujourd’hui, les institutions financières européennes prennent le lead. À ce jour, elles sont 36 à avoir annoncé une politique officielle contre les projets de forage dans l’Arctique ou de sables bitumineux. Aux États-Unis, seules six institutions financières ont fait de même.
50 institutions financières plus ou moins engagées
Mais les engagements restent différenciés. « La meilleure pratique consisterait à exclure tout type de produit ou service financier pour de nouvelles opérations dans le domaine des combustibles fossiles à travers le monde, avec une élimination rapide des investissements existants dans les combustibles fossiles, comme ce que la BEI a présenté », prévient Saurabh Trivedi, analyste à l’IEEFA.
Si la Banque Royale du Canada (RBC) a annoncé des restrictions sur les projets de forage dans l’Arctique, elle n’a pris aucune mesure contre les autres projets de sables bitumineux. « RBC est l’un des plus importants financeurs de projets de sables bitumineux avec JPMorgan Chase et la Banque Canadienne Impériale de Commerce », rappelle Saurabh Trivedi. À l’opposé, la Banque européenne d’investissement (BEI) et la banque française de développement sont les institutions qui ont la politique la plus stricte. La BEI a notamment annoncé en 2019 son désinvestissement complet du pétrole et du gaz d’ici fin 2021.
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