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Le coronavirus défavorise les entreprises et le marché industriel français

Posté le par Chaymaa Deb dans Entreprises et marchés

En plus d'avoir atteint plus d'un millier de personnes en France, le coronavirus fait planer le risque de manques à gagner majeurs pour l'industrie hexagonale. Du fait des fermetures de plusieurs usines et sites d'exploitation chinois, le gouvernement prévoit d'ores et déjà un impact négatif de 0,1 point sur la croissance économique française. Mais pour aider les entreprises, Bruno Le Maire a annoncé des mesures de soutien.

Une dizaine de morts, plus d’un millier de personnes contaminées, et une industrie contrainte de tourner au ralenti. Voilà l’état actuel des conséquences du nouveau coronavirus Covid-19 sur le sol français. Selon les informations communiquées par différents groupes français, les pertes financières liées à la propagation du virus semblaient s’élever à environ un milliard d’euros à la fin du mois de février. Alors que les autorités sanitaires se préparent à une phase 3 de l’épidémie de Covid-19, des répercussions négatives sont déjà à prévoir pour l’économie hexagonale.

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a livré une première évaluation des conséquences à peine un mois après le début de l’épidémie. Selon lui, le coronavirus fera reculer de 0,1 point la croissance économique française. « Nous voulons, avec Muriel Pénicaud, ministre du Travail, et Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, apporter aux chefs d’entreprises et aux salariés les réponses les plus concrètes possible pour accompagner chacun et faciliter un certain nombre de dispositifs », tient à rassurer Bruno Le Maire, lors d’une réunion avec les acteurs économiques nationaux concernés par le coronavirus à Bercy. Dans le même temps, le ministère a décidé que bpifrance se porterait garant de prêts de trésorerie « pour les entreprises qui en auraient besoin ».

Un premier trimestre largement impacté

Cette annonce du gouvernement permettra de rassurer les entreprises, alors que de nombreux secteurs sont touchés, à l’instar de l’automobile ou de l’aviation. Les grands groupes industriels français sont également concernés. Selon plusieurs données relayées par Sud-Ouest, les entreprises françaises les plus affectées sont celles qui détiennent des sites en Chine, ou dont les chaînes de production dépendent. Ainsi, le groupe français spécialisé dans l’industrie électrique Schneider Electric indique que son usine de Wuhan, qui représente 15% de son activité, est toujours à l’arrêt, et prévoit d’enregistrer 300 millions d’euros de pertes sur son chiffre d’affaires du premier trimestre 2020. Le premier trimestre de Suez sera également fortement impacté. Le géant français de la gestion de l’eau et des déchets devrait perdre 30 à 40 millions d’euros sur son chiffre d’affaires du début d’année. Ce recul s’expliquerait par la mise à l’arrêt momentanée de six incinérateurs chinois gérés par la société française, qui représentent 7 à 8 % de son activité.

Même situation pour le groupe chimiste Arkema. Même après la reprise de l’activité de ses neuf sites chinois, la société française devrait perdre 20 millions d’euros sur son excédent brut d’exploitation. Fabricante de tubes, l’entreprise Vallourec a elle aussi pu relancer l’activité de ses quatre sites chinois. Bien que ces dernières se trouvent dans des zones peu touchées par le coronavirus, elles ne fonctionnent pas à plein régime. Sans avancer de chiffres, la société annonce craindre des conséquences négatives sur ses résultats du premier trimestre.

Relocaliser d’urgence ?

Conscient des répercussions négatives que cette crise sanitaire a sur l’industrie française, le ministre de l’Économie en profite pour relancer le débat sur la relocalisation. « Il peut y avoir aussi un sujet d’offres dans les semaines à venir avec des difficultés d’approvisionnement sur certaines chaînes de production et vous savez que ça m’a conduit à rappeler la nécessité d’une relocalisation de certaines activités économiques et de certaines activités industrielles », a-t-il indiqué le 3 mars dernier, lors d’un nouvel échange avec les acteurs économiques nationaux à Bercy. 

Ainsi, le ministre appelle à moins de dépendance à l’égard des marchés étrangers. Dans le secteur du médicament, Bruno Le Maire rappelle que la France dépend « à 80 % de la fourniture à l’étranger des principes actifs : 40% en Chine, 80% à l’étranger ». Et afin de prouver qu’un tel revirement est possible, le ministre évoque notamment le cas de l’industrie automobile. Ce dernier fait référence à la décision de la Commission européenne de relocaliser en Europe des unités de fabrication de batteries électriques, en accordant une aide publique de trois milliards d’euros pour développer la filière. Le ministre a par ailleurs annoncé qu’il s’entretiendrait avec des économistes, pour évaluer l’impact de la relocalisation sur l’économie française.

Bercy appelle à la compréhension

Afin d’évaluer l’ampleur des problèmes rencontrés par les entreprises françaises, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a réuni à Bercy le 21 février, puis le 3 mars, plusieurs acteurs de l’industrie française. Les représentants des filières de la santé, de l’agroalimentaire, du nucléaire ou encore du ferroviaire ont pris part à cette réunion, à laquelle participaient également les organisations patronales. « Cette épidémie touche un certain nombre de chaînes de valeur industrielles, qui ont du mal à s’approvisionner, […] et remet en cause aussi un certain nombre de chaînes de valeur qui sont trop dépendantes de leur approvisionnement à l’étranger », a constaté le ministre. Le ministre de l’Économie a ainsi demandé que ne soient pas appliquées de pénalités de retard aux fournisseurs.

Afin de pallier le manque de matières premières, le gouvernement a aussi décidé d’accorder davantage d’agréments à de nouvelles sources d’approvisionnement. Cette mesure concerne notamment les secteurs de la construction et de la chimie. Le représentant de la Confédération des PME Jean-Eric Riche a déclaré à l’AFP être satisfait de cette décision. Ce dernier explique qu’actuellement, « il n’y a pas d’impact très fort » grâce aux stocks que les industriels possèdent, et qui ne seraient pas encore épuisés. Cependant, il ajoute que dans le cas où les usines chinoises tarderaient à rouvrir leurs portes, l’industrie française, et notamment les PME risqueraient de « très vite se retrouver en difficultés ».

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