Pour les milieux industriel et politique, le salon du Bourget est l'occasion d'affirmer leurs objectifs industriels et environnementaux. Tour d'horizon des annonces faites lors de cette édition 2023.
Évidemment, la venue du Président de la République au salon du Bourget était très attendue, après l’annulation de l’édition 2021 et suite à la crise sanitaire qui a plongé l’ensemble du secteur aérien dans une situation très compliquée. Emmanuel Macron s’est rendu le 19 juin sur le salon, et a insisté sur la nécessité de décarboner le secteur aérien tout en favorisant une croissance continue de ce dernier : « La sobriété bien organisée, si je puis dire ‘non punitive’, comprise par tous, partagée par tous, raisonnable, qui fait qu’on fait chacun des efforts, qu’on évite ce qui est inutile et qui permet de réduire les émissions, elle est bonne. Celle qui consiste à dire ‘il faut tout arrêter en quelque sorte et il faut renoncer à la croissance’, je ne la crois pas raisonnable. La sobriété à laquelle je crois c’est plutôt celle (…) qui repose sur une forme de bon sens, sur la transparence des informations dont on dispose, sur une prise de conscience que nos ressources sont devenues plus rares. Si on le fait intelligemment, avec bon sens, il n’y a pas à avoir des recommandations de l’Etat parce que moi je ne souhaite pas vivre dans un pays où l’Etat vous dit ce que vous devez faire à chaque seconde ».
Une déclaration dans la suite logique de la stratégie écologique du Président depuis de longs mois, à savoir favoriser les pratiques écologiques sans remettre en cause le modèle existant. Dans ce sens, les commandes géantes annoncées lors de cette édition du Bourget, entre autres par Boeing et Airbus, constituent une bonne nouvelle pour le secteur aérien, en termes d’emplois et de marchés. En ce qui concerne la décarbonation du secteur aérien, l’objectif de la neutralité carbone à l’horizon 2050 a été peu évoqué. Il l’avait été en mai dernier, dans les Pyrénées Atlantiques, où le Président avait annoncé le déblocage de 300 millions d’euros par an pour financer le développement d’un avion “zéro émission”.
Quelques jours après Emmanuel Macron, c’est la Première Ministre, qui s’est rendue sur le salon, le 23 juin. Elisabeth Borne a ainsi pu s’installer au poste de pilotage d’un rafale, où elle a semblé très à son aise.
Du côté des écologistes, le sénateur écologiste Daniel Salmon a profité du salon pour évoquer le projet français d’avion vert, lors des questions au gouvernement, parlant d’un « salon de l’avion magique ». Il a également évoqué l’avion électrique, affirmant que l’avènement de ce dernier n’était « pas pour demain », et les technologies hydrogène, « pas encore matures ». Pour Daniel Salmon, la stratégie environnementale du gouvernement s’apparente à du « greenwashing ». Christophe Béchu, le Ministre de la Transition énergétique, lui a aussitôt répondu, reprenant à peu de choses près les mots d’Emmanuel Macron évoqués plus haut : « Pour rendre l’écologie populaire, il convient de ne pas la présenter sous son jour le plus punitif ».
Pour résumer, si la transition écologique est au centre des débats aujourd’hui dans le secteur aérien, il n’est pas pour autant question de tout changer : pour maintenir le secteur en bonne santé et que ce dernier continue à drainer des emplois sur le territoire, il faut le soutenir. A la marge, l’amélioration continue opérée sur les avions permettra de diminuer les émissions, en fonction de l’augmentation réelle du trafic aérien. Pour ce qui est des objectifs à l’horizon 2050, il faudra effectivement mettre au point l’avion magique que tout le monde attend.
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