Le secteur aérien s’est fixé comme objectif d’être neutre en carbone d’ici à 2050. Pour en arriver là, il convient dans un premier temps d’optimiser, écologiquement parlant, les appareils volant actuellement et propulsés au kérosène. Poids des appareils, structure, aérodynamisme sont des paramètres qui peuvent permettre de développer des avions plus performants, c’est-à-dire qui consomment moins. Toutes ces améliorations combinées n’apportent cependant pas un levier suffisant pour faire baisser significativement les émissions dues au trafic aérien. Pour ce qui est des avions de ligne qui sont utilisés aujourd’hui, et dont le nombre va doubler d’ici 2030, une solution pour faire baisser le bilan carbone du secteur aérien se situe au niveau des biocarburants : ces derniers, mélangés au kérosène, en très faible quantité pour le moment, pourraient être utilisés plus massivement, avec une limite de 50 % (le carburant fossile et le biocarburant sont alors présents en quantités égales dans le mélange). Même si leur production à grande échelle pose d’autres problèmes (surfaces cultivées nécessaires, prix…).
Au-delà, le secteur aéronautique a conscience qu’il faudra une rupture technologique, que l’on appelle aussi “avion du futur”, pour permettre au secteur aérien de voir son trafic en croissance continue comme cela est prévu, tout en étant plus sobre.
Cette édition 2023 du salon du Bourget a permis aux visiteurs de découvrir des prototypes, et des aéronefs déjà commercialisés, qui fonctionnent grâce à ces fameuses technologies de rupture. Et sachant que ces technologies innovantes présentent évidemment certaines contraintes. Les technologies électriques développées pour l’aviation en sont un exemple : elles permettent une émission nulle de gaz à effet de serre en fonctionnement, mais affichent des limites importantes en termes d’autonomie et de capacité de transport de passagers.
La start-up française VoltAero, créée en septembre 2017, était présente sur le salon, notamment pour présenter le VoltAero Cassio 330. Ce dernier né de la série Cassio est un avion hybride électrique pouvant emmener cinq personnes, avec une propulsion hybride électrique combinée de 330 kW. Cette propulsion hybride permet à l’aéronef d’économiser 20% de carburant. Les autres modèles Cassio 480 et Cassio 600, peuvent respectivement embarquer six et douze passagers, et affichent une puissance combinée de 480 et 600 kW. Le Cassio 330 pourra voler pendant 3,5 heures, et devrait commencer à être livré dès 2024. Les clients potentiels sont les compagnies de taxis, les vols régionaux, la livraison, l’évacuation médicale… un exemple qui illustre le nouveau paysage qui se dessine actuellement dans la filière aéronautique, avec de nouveaux usages. Et notamment des durées de vol courtes. D’ou l’intérêt de pouvoir atterrir facilement. C’est le principe des Evtol, ces aéronefs électriques pouvant transporter des passagers, et qui décollent et atterrissent verticalement.
La société allemande Volocopter était présente au Bourget, notamment pour faire la promotion de son modèle d’Evtol, Volocity. Le fabricant allemand développe depuis 2011 ce type d’aéronefs et fait figure de pionniers dans le domaine des Evtol. Volocity est un drone, équipé de deux sièges et de 18 rotors, qui a déjà réalisé plusieurs vols d’essais au-dessus de villes allemandes. Il a fait fonctionner ses rotors grâce à des batteries qui peuvent être changées rapidement pour augmenter la fréquence de vol. Une solution 100 % électrique, qui permet donc de transporter deux personnes, et qui est imaginée pour des usages urbains. Ces taxis volants pourraient offrir des solutions alternatives aux transports en communs, entre un aéroport et une gare par exemple.
Ces innovations, qui permettent de voir se développer des aéronefs électriques qui émettent moins voire pas du tout de CO2 à l’usage, sont réservées à des usages qui sont essentiellement de l’ordre de la mobilité urbaine, voire régionale. Un nouveau marché donc pour la filière aéronautique, à côté de celui des vols long courrier, qui ne pourront eux jamais fonctionner entièrement à l’électricité.
Par P.T
Image de Une : le NGF de Dassault ©SIAE2023
Cet article se trouve dans le dossier :
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