Le Conseil saoudien des ministres vient d’approuver un plan stratégique pour sortir le pays de sa dépendance au pétrole. Intitulé « Vision 2030 de l’Arabie Saoudite», il prévoit notamment la création du plus important fonds souverain du monde, et l’ouverture de 5% du capital de la Saudi Aramco.
Alors que des dizaines de chefs d’Etat ratifiaient au siège des Nations-Unis à New-York le texte de la COP 21, l’Arabie Saoudite, pilier de l’ère pétrolière, préparait l’annonce de sa mutation. Le travail est énorme pour ce pays où les hydrocarbures représentent 90% des revenus de l’Etat et l’essentiel des exportations.
Le fleuron Aramco
Pour mettre en œuvre cet ambitieux plan de transition, le premier producteur de brut au monde a besoin d’argent. Or, la chute dramatique des cours du brut a considérablement affaibli les finances du Royaume. En 2015, le déficit public a quadruplé, atteignant 367 milliards de riyals (89 mds €), soit près de 15% du PIB. C’est pourquoi le Prince-héritier, Mohamed Bin Salman, a décidé d’ouvrir 5% du capital de la Saudi Aramco. Cette opération est gigantesque puisqu’elle valoriserait la compagnie pétrolière nationale à 2 000 milliards de dollars (1 780 mds €), ce qui la placerait de facto comme première capitalisation boursière du monde loin, très loin, devant Apple (580 mds €). Il faut dire qu’avec 260 millions de barils de réserve et des coûts de production les plus bas du monde, la Saudi Aramco est une des rares compagnies à pouvoir affronter sereinement des cours durablement bas du baril. Les revenus tirés de cette privatisation partielle alimenteront notamment le fonds souverain créé par Ryad, le plus important du monde puisqu’il a l’ambition de contrôler 10% de la capacité d’investissement mondiale.
Ouverture de la société
Cette politique d’ouverture devrait toucher en profondeur la société saoudienne encore très réglementée. La participation du secteur privé dans l’économie sera encouragée pour atteindre 65%, et ce, afin de faire diminuer le taux de chômage à 7% contre 11,6% actuellement. La participation des femmes à la vie économique devrait également être facilitée. Le Prince-héritier plaide également pour l’instauration d’une TVA dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), le club des pétromonarchies de la péninsule arabique, à l’horizon 2018. Toutes ses initiatives répondent au besoin de créer de nouvelles sources de financements aux programmes sociaux concédés par la monarchie et que les revenus du pétrole ne peuvent plus couvrir.
Enfin, un système de visa devrait être mis en place pour donner davantage de droits et de visibilité aux immigrés dont le statut actuel est très insatisfaisant en termes de Droits de l’Homme.
Romain Chicheportiche
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