Alors que l’électrification massive du marché des véhicules particuliers est en train de s’amorcer, de nombreux paramètres sont à prendre en considération pour que celle-ci soit un succès. En effet, miser sur une électrification du parc ne suffira pas pour répondre aux enjeux de demain. Encore faut-il que ce déploiement soit bénéfique au climat, à l’environnement, que les véhicules soient financièrement accessibles et que cette transition s’inscrive dans un écosystème plus global de transition de la mobilité. L’ADEME vient de publier un avis concernant ces sujets.
Le déploiement massif du véhicule électrique pour particuliers est considéré par les politiques publiques européennes comme une étape incontournable si nous voulons atteindre la neutralité carbone en 2050. La loi d’Orientation des Mobilités prévoit par ailleurs une interdiction de la vente de véhicules thermiques « utilisant des énergies fossiles carbonées » pour 2035.
La mobilité électrique : quel impact carbone ?
Selon l’ADEME, « sur l’ensemble de sa durée de vie, une voiture électrique roulant en France a un impact carbone 2 à 3 fois inférieur à celui d’un modèle similaire thermique, à condition que sa batterie soit de capacité raisonnable. »
« Capacité raisonnable » : la nuance est importante. En effet, bien qu’un véhicule électrique n’émette pas de carbone à l’usage, la fabrication des batteries en émet beaucoup, si bien que le véhicule électrique commence sa vie avec une dette carbone supérieure à celle d’un véhicule thermique. L’impact carbone de la batterie, non négligeable, est directement lié à sa capacité.
Ainsi, si l’autonomie des véhicules électriques est souvent pointée du doigt, augmenter la « taille »¹ de la batterie n’est pas une bonne solution, car cela entraîne inévitablement une augmentation du poids du véhicule, de son impact carbone et aussi de son prix.
Dans son avis d’octobre, l’ADEME a comparé l’évolution des émissions de carbone cumulées, par rapport au kilométrage de différents types de véhicules.
S’il faut un peu moins de 20 000 km à une citadine disposant d’une batterie de 22 kWh (par exemple : Twingo E-Tech Electric) pour devenir « rentable » du point de vue des émissions de CO2, par rapport à une berline compacte diesel, cette distance augmente proportionnellement à la capacité de la batterie.
Jusqu’à 100 000 km, un véhicule électrique de type SUV compact équipé d’une batterie de 100 kWh présente ainsi un cumul d’émission de carbone supérieur à celui d’une berline compacte diesel ! Cela représente tout de même 8 années d’utilisation pour un automobiliste moyen.
Enfin, pour un VE compact disposant d’une batterie de 60 kWh, cette distance avoisine les 62 000 km.
Par conséquent du point de vue des émissions de CO2, il est donc préférable de privilégier les véhicules légers, dont la batterie reste de taille raisonnable.
Recyclage et sécurisation des approvisionnements
L’ADEME met aussi le doigt sur des enjeux clés de la prochaine décennie : le recyclage des batteries et la sécurisation des approvisionnements en cobalt, lithium, nickel ou graphite.
En effet, les scénarios ADEME TRANSITION(S) 2050 prévoient ainsi une augmentation de « +300 % à +800 % de besoins en lithium par rapport à 2020 pour la mobilité légère ».
Dans ce contexte, on comprend mieux l’importance stratégique de projets d’exploitation de lithium, notamment celui d’Echassières dans l’Allier. Le groupe Imerys devrait ainsi commencer sa production en 2028, ce qui permettra d’équiper 700 000 véhicules par an en batteries Li-ion.
Il est capital de revoir nos usages de la mobilité
Le passage à l’électrique n’est pas un simple « changement de carburant ». Cela suppose aussi de repenser nos usages de la mobilité.
Par exemple, si recharger une batterie en 2 minutes comme on ferait un plein de carburant est techniquement possible, ce n’est pas souhaitable ni réaliste, car cela nécessiterait de mobiliser 1,8 MW de puissance électrique, soit la puissance appelée par 1 500 foyers !
L’ADEME souligne par ailleurs qu’il est important de choisir le bon moment pour sa recharge, afin de soulager le réseau électrique, surtout en zone urbaine et périurbaine. Aussi, le « déploiement de bornes associées à une production photovoltaïque (ombrière par exemple) est une solution à privilégier pour réduire l’impact réseau, le coût de recharge à terme, limiter l’artificialisation des sols liée au développement des énergies renouvelables et donner du sens à leur développement. »
Enfin, en ce qui concerne les longues distances, l’offre actuelle ne permet pas de répondre de manière satisfaisante à ce besoin. Si l’hybride rechargeable peut éventuellement être une solution pertinente, sous certaines conditions, l’ADEME recommande d’autres solutions pour les trajets longue distance, comme le recours accru au train et le développement de services adaptés sur les lieux touristiques.
L’avis de l’ADEME comporte beaucoup d’autres informations et recommandations, notamment au sujet des bornes de recharge ou de l’aspect économique. Nous vous invitons à lire le rapport complet pour en savoir plus.
¹ Ou plutôt, accroître sa capacité de stockage
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