Des chercheurs ont rédigé une étude dans laquelle ils déclarent comment assurer la sauvegarde des récifs coralliens dans les prochaines décennies. Pour limiter des pertes, dommageables pour la biodiversité et les hommes, de grands moyens scientifiques, politiques et financiers devront être déployés.
Comment faudra-t-il s’y prendre pour sauver les coraux ? De nombreux récifs coralliens souffrent d’ores et déjà du réchauffement climatique et de l’acidification des océans. Et « des pertes importantes de coraux sont attendues si le réchauffement climatique dépasse 1,5°C au-dessus de la température moyenne préindustrielle », alertent des experts internationaux de The Pew Fellows Program in Marine et The Ocean Solutions Initiative, co-animé par Jean-Pierre Gattuso, océanographe au CNRS. Dans une étude parue dans la revue Biological Conservation, ces chercheurs ont défini les actions qui devraient être menées pour sauvegarder une partie des récifs coralliens.
Le sauvetage prendra des airs d’opération de la dernière chance tant la situation de ces animaux marins est critique. « Sans action, les récifs coralliens tels que nous les connaissons aujourd’hui – et leurs services associés à l’humanité – pourraient donc constituer l’un des premiers grands écosystèmes de ce siècle à s’effondrer sous le poids du changement climatique », déplorent les chercheurs. Ils précisent que 500 millions de personnes à travers le monde pourraient être directement impactées par la disparition du corail. En effet, plusieurs enjeux sont liés à la présence des récifs coralliens. Là où ils se trouvent, il préviennent les risques de submersion, sont un atout pour le tourisme et offrent des ressources pour la pêche.
Dans tous les cas, les dommages seront importants. « Il est impossible de protéger et de restaurer pleinement le domaine mondial des récifs coralliens des années 1890-1990, même si le réchauffement climatique est maintenu à 1,5°C », avertissent les chercheurs. Phénomène observé alors que les températures augmentent, le blanchissement du corail, signe de sa fin de vie, résulte de l’expulsion de microalgues, pourtant nécessaires à sa survie. Selon les scientifiques, aucune action de préservation ne pourrait l’inverser, ni même l’endiguer.
2050, un tournant décisif
Afin d’éviter cela, les auteurs de l’étude enjoignent politiques, ONG et institutions privées à collaborer avec les scientifiques en vue d’atténuer le réchauffement climatique et d’augmenter la résilience des coraux. « Ce que nous proposons est possible avec un plan clair sur 20 à 30 ans », attestent-ils. Ces scientifiques affirment que le respect de l’Accord de Paris sera favorable au maintien des espèces coralliennes qui auront le temps de s’adapter à la hausse des températures. C’est pourquoi les auteurs de l’étude voient dans l’horizon 2050 une période décisive. Dans le cas où les maximales augmenteraient trop vite, le blanchissement des coraux s’emballerait, et tout le corail pourrait disparaître d’ici 30 à 50 ans.
Les chercheurs sont clairs : plus les mesures seront prises tôt, plus elles auront de chance d’aboutir. Mais pour y parvenir, ces derniers rappellent la nécessité d’une « transition énergétique massive ». Ainsi, les scientifiques déclarent que « l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre est non seulement essentielle à la survie des récifs, mais aussi l’action la plus large, efficace, réalisable, bénéfique et acceptable » par les populations. Les chercheurs ajoutent que la « restauration active des récifs » devra faire partie du plan de sauvegarde des coraux. Ce procédé, qui implique une intervention humaine, consiste en une fertilisation assistée des espèces coralliennes. Cependant, cette solution n’est pas déployable à grande échelle. « Même les grands efforts peinent à restaurer un hectare par an », rappellent les chercheurs.
Des millions de dollars pour un bon début
Les scientifiques recommandent également la création d’un Conservatoire mondial du corail. Dans le cadre de ce programme, des coraux pourraient être conservés ex situ dans des aquariums. Mais pour que de telles initiatives puissent aboutir, l’étude insiste sur le caractère inéluctable des coopérations transnationales, voire intergouvernementales. Les auteurs citent en exemple les mesures mises en place pour la sauvegarde de la Grande Barrière de corail, à la fois dans les atolls du Pacifique et dans le Plan australien de restauration et d’adaptation des récifs (PAREL).
À l’heure actuelle, l’Australie est l’un des pionniers de l’investissement pour la préservation des coraux. Le pays alloue 100 millions de dollars australiens au développement d’un système permettant d’intégrer les options de restauration des coraux à d’autres actions de gestion. Aux États-Unis, le Congrès envisage un financement de 36 millions de dollars américains pour renforcer la conservation et la restauration des récifs coralliens. Un montant jugé « modeste » par les auteurs de l’étude. De son côté, le fonds mondial pour les récifs coralliens, partenariat de philanthropes privés, d’institutions financières et d’agences de l’ONU, veut investir 500 millions de dollars pour la préservation des coraux dans la prochaine décennie. « Un bon début » pour les chercheurs qui estiment toutefois que la sauvegarde des coraux exigera « des milliards de dollars » pour aboutir.
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE