Mars est plus que jamais dans la ligne de mire des scientifiques, depuis que le robot Curiosity, posé en 2012, est parvenu à démontrer que la surface de la planète rouge a contenu de l’eau dans le passé… Une découverte qui n’était pas passée inaperçue ; l’eau étant l’un des éléments fondamentaux pour que de la vie puisse se développer.
Le projet ExoMars, mené depuis le début des années 2000 par l’ESA, désormais en collaboration avec la Russie (Roscosmos), compte bien creuser plus loin dans cette voie. En mars prochain, avec deux mois de retard, elle enverra depuis le site de lancement de Baïkonour une fusée Proton dans l’espace. Elle emportera avec elle l’orbiteur Trace Gas Orbiter (TGO) ainsi que le démonstrateur Schiaparelli.
Ces deux éléments, clipsés à la fusée durant les sept mois que durera le voyage interplanétaire, se détacheront ensuite pour effectuer les tâches que les chercheurs leur auront attribuées :
- TGO, composé de la caméra stéréo à haute résolution CaSSIS, de l’ensemble de spectromètres infrarouges et ultraviolets NOMAD et d’un détecteur de neutrons FREND, aura pour missions de cartographier l’atmosphère de Mars, en recensant les gaz présents – y compris ceux à l’état de trace – et d’identifier leur origine. Sur le long terme, l’étude de l’atmosphère martienne montrera les variations saisonnières sur les quantités de tel ou tel gaz et permettra peut-être d’expliquer les résurgences de méthane que Curiosity avaient découverts. Le méthane étant un gaz créé selon des circonstances très particulières comme l’a rappelé Jorge Vago : « dans 80-90% des cas, le méthane est lié à l’existence de vie. Ce gaz peut être soit le produit d’organismes bactériens ayant vécu ou vivant encore sur ou sous la surface de Mars, soit le fruit de processus géologiques particuliers. » Il est en tout cas potentiellement synonyme de présence d’eau et de vie, présente ou passée. Et puisqu’il s’agit bien ici d’un des enjeux scientifiques que de parvenir à dénicher des indices d’une vie biologique, il y a fort à parier qu’il s’emploie aussi à dénicher de l’hydrogène.
- L’atterrisseur Schiaparelli, qui, du haut de ses 600 kg, est un condensé de technologies (bouclier thermique, station météo, plateforme d’amarrage, rétrofusées pour qu’il se pose sans s’écraser, parachute) devra prouver que le programme spatial européen est capable de faire atterrir un engin lourd sur Mars.
Ce serait une première pour l’ESA l’échec de l’envoi du robot Beagle. Il faudra à Schiaparelli supporter des conditions très difficiles : une descente dans l’atmosphère martienne à 21 000 km/h et une température qui pourra avoisiner les 1 500°C.
Les zones jugées intéressantes seront repérées en vue de la troisième mission : envoyer un rover de 300 kg en 2018 capable de creuser jusqu’à deux mètres de profondeur le sol martien et d’analyser les échantillons prélevés.
Une connaissance plus profonde de Mars est une ambition mondiale. Il s’agit d’une étape décisive pour l’Europe qui doit prouver qu’elle a les moyens de rester dans la course de la conquête spatiale en continuer de faire avancer les enjeux scientifiques.
Par Sébastien Tribot