Le plastique, premier dérivé du pétrole
Selon une étude majeure intitulée The Future Of Petrochemicals publiée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), « la combinaison d’une économie mondiale en croissance, d’une population croissante et le développement technologique, se traduira par une demande croissante de produits pétrochimiques. »
La pétrochimie, qui transforme le pétrole et le gaz en toutes sortes de produits, est omniprésente dans les objets de notre quotidien tels que les plastiques, les engrais, les emballages, les vêtements, les détergents ou les pneus.
Les produits issus de la pétrochimie sont même utilisés par les industries les plus vertes, notamment dans la fabrication des panneaux solaires, des éoliennes, des isolants thermiques des bâtiments ou des pièces des véhicules électriques.
L’AIE prévoit, dans son étude, une augmentation de cette production pétrochimique mondiale de 30 % d’ici à 2030 et de 60 % d’ici 2050 pour atteindre 1 milliard de tonnes, soit l’équivalent de la production actuelle d’acier ou de ciment, ajoutant ainsi près de 7 millions de barils de pétrole par jour d’ici là. D’après l’AIE, « les produits pétrochimiques sont également prêts à consommer 56 milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz naturel d’ici 2030, soit environ la moitié de la consommation totale de gaz au Canada ».
Le principal moteur de cette activité du point de vue énergétique est la demande en plastique qui a dépassé tous les autres matériaux dans les pays développés (tels que l’acier, l’aluminium ou le ciment), doublant presque depuis 2000. Ce chiffre explosera encore dans les décennies à venir avec l’accroissement de la consommation de plastique dans les pays en voie de développement. Le rapport alerte : « Les États-Unis, l’Europe et les autres pays développés utilisent actuellement jusqu’à 20 fois plus de plastique et jusqu’à 10 fois plus d’engrais que l’Inde, l’Indonésie et d’autres pays émergents par habitant, soulignant l’énorme potentiel de croissance à l’échelle mondiale. »
Un défi environnemental se profile à l’horizon
Bien que les efforts pour réduire les émissions de CO2 concernent habituellement l’automobile ou le transport, la production (ainsi que l’élimination) des produits dérivés de la pétrochimie a également un impact négatif sur l’environnement, la qualité de l’air et de l’eau.
Le docteur Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, déplore que « le rôle croissant de la pétrochimie soit l’un des principaux « angles morts » dans le débat énergétique mondial. La diversité et la complexité de ce secteur font que la pétrochimie reçoit moins d’attention que d’autres secteurs, malgré leur importance croissante ».
Les deux problèmes environnementaux majeurs soulevés par cette industrie sont les émissions de CO2 et les déchets plastiques rejetés, une situation qui n’est pas inéluctable selon l’AIE. L’agence propose ainsi dix recommandations politiques visant à créer un secteur pétrochimique plus durable et plus efficace, et parmi elles, la réduction des plastiques à usage unique, l’amélioration de la gestion des déchets et du recyclage ou encore des taxes qui pénalisent la faible recyclabilité des produits pour inciter à les rendre plus recyclables.
Aliye KARASU
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