La Norvège occupe une place unique dans le monde en matière de mix énergétique, puisque l’électricité représente près de la moitié de la consommation finale du pays, soit la part la plus élevée parmi les pays membres de l’AIE (Agence internationale de l’énergie), selon un rapport publié en 2022 par cette organisation. Cette électricité présente en plus l’avantage d’être presque entièrement basée sur les énergies renouvelables, puisque le pays dispose de vastes ressources hydroélectriques qui couvrent 92 % de la production.
L’autre point marquant de ce pays scandinave est qu’il exporte 87 % de sa production énergétique grâce à ses vastes réserves de pétrole et de gaz naturel. Il est classé au septième rang des producteurs au monde de gaz naturel, fournissant 3 % de la consommation de la planète, tandis que son pétrole représente 2,3 % de la production mondiale. En tant que producteur réputé et fiable, la Norvège joue un rôle de stabilisateur dans l’approvisionnement mondial en pétrole et en gaz, en particulier en répondant à la demande européenne. Depuis la guerre en Ukraine, le pays est devenu le premier fournisseur de gaz de l’Europe, engrangeant des profits records.
La Norvège a pour ambition d’être une société à faibles émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 et peut compter sur son système électrique propre afin de décarboner son économie. « Néanmoins, le pays a déjà électrifié de manière substantielle le secteur du bâtiment et près de la moitié de l’industrie. En conséquence, bon nombre des victoires faciles en matière de réduction des émissions ont déjà été obtenues et les réductions d’émissions restantes seront plus complexes, plus difficiles et plus coûteuses, notamment dans les transports et l’industrie », notent les auteurs du rapport de l’AIE.
Un axe majeur de la décarbonation du pays repose sur une meilleure efficacité énergétique. Le gouvernement souhaite découpler la croissance économique de la consommation d’énergie. Il s’est fixé l’objectif de réduire l’efficacité énergétique globale de 30 % en 2030 par rapport à 2015, mais celle-ci n’a diminué que de 4 % sur la période 2015-2019. Dans le secteur industriel, qui représente la part la plus élevée de la consommation d’énergie (44 %), des projets d’efficacité énergétique et de remplacement des combustibles fossiles par des énergies renouvelables font l’objet d’un soutien important de l’État. Dans le bâtiment (34 % de la consommation), la Norvège a pour objectif de réduire sa consommation d’énergie existante de 10 térawattheures (TWh) d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2015, en sachant que la plupart des bâtiments disposent aujourd’hui de systèmes de chauffage électrique.
Le plus grand nombre de voitures électriques par habitant au monde
Dans le secteur des transports, qui représente 21 % de la demande totale, le pays scandinave mène une politique ambitieuse en matière de véhicules électriques. Les voitures à énergie fossile sont soumises à une taxe d’immatriculation élevée à l’achat ainsi qu’à d’autres taxes à l’usage. En parallèle, les véhicules à zéro émission sont fortement subventionnés. Résultat : « la Norvège compte plus de voitures électriques par habitant que n’importe quel autre pays au monde, indique l’AIE. Environ 86 % de toutes les nouvelles voitures particulières vendues en 2021 étaient des véhicules électriques (dont 64,5 % étaient entièrement de l’électrique à batterie) »
Avec environ un quart des émissions totales du pays, l’industrie pétro-gazière est l’une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre. La Norvège a pour ambition de réduire les émissions du secteur pétrolier de 40 % d’ici à 2030 par rapport à 2005, et d’atteindre le niveau de zéro émission nette d’ici à 2050. Une partie de cette réduction sera réalisée grâce au Système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne (SEQE-UE).
Étant donné que l’électrification constitue un élément central de la transition énergétique, la Norvège va devoir augmenter sa capacité de production d’énergie renouvelable. Cela nécessitera une expansion de la capacité hydroélectrique, ainsi que la modernisation des centrales existantes. La part de l’éolien devra aussi être augmentée. Elle représente 6,5 % de la production totale d’électricité en 2020 et a décuplé au cours de la dernière décennie. « Cependant, la Norvège a été confrontée à une opposition locale aux projets d’énergie éolienne terrestre, liée à leur impact perçu sur les paysages et l’écologie », note l’AIE. Le gouvernement norvégien mise sur l’éolien offshore pour poursuivre le développement de cette énergie renouvelable et a inauguré, l’été dernier en mer du Nord, le plus grand parc éolien offshore flottant au monde, baptisé Hywind Tampen. Avec une capacité installée totale de 88 mégawatts (MW), l’électricité sera intégralement destinée à alimenter des plateformes pétrolières et gazières voisines, afin d’en limiter l’impact carbone.
Dans l'actualité
- L’Espagne investit dans les énergies renouvelables pour décarboner son électricité
- En image : COP28, la diplomatie verte et les lobbies des énergies fossiles
- Le défi de la production d’énergie décarbonée
- Les émissions de CO2 liées à l’énergie toujours en hausse
- COP28 : L’encadrement des énergies fossiles au cœur des enjeux
- Seaturns : Valoriser l’énergie de la houle pour produire de l’électricité
- Islande : un mix électrique 100 % renouvelable moins vert qu’il n’y paraît
- Pologne : un mix énergétique toujours fortement dépendant du charbon
- La Suède va investir massivement dans le nucléaire
- L’énergie et l’industrie, moteurs de la baisse des émissions
- Décarbonation : Dunkerque rayonne désormais à l’échelle mondiale
- Décarboner 50 sites industriels, en captant le CO2 ?
- Décarboner l’UE nécessiterait 2,2% des terres, selon une étude