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La France veut dynamiser ses liens avec Taïwan dans l’industrie des semi-conducteurs

Posté le 18 mars 2025
par Nicolas LOUIS
dans Entreprises et marchés

La France vient de lancer un Appel à manifestation d'intérêt (AMI) dans le but de dynamiser ses liens économiques et d'innovation dans le domaine des semi-conducteurs et de l’IA pour les semi-conducteurs avec l'écosystème taïwanais. Le but de ce partenariat est d'identifier des projets de R&D permettant de renforcer le positionnement des deux pays dans ce secteur.

Smartphones, ordinateurs, appareils ménagers, voitures, … les semi-conducteurs sont essentiels à notre vie quotidienne. Ces dernières années, leurs pénuries ont mis au jour non seulement leur rôle central et stratégique, mais aussi la forte dépendance de l’Union européenne aux importations. Près de 80 % des capacités mondiales de production de ces composants se situent en Asie de l’Est, où sont implantées de nombreuses fonderies, et le géant taïwanais TSMC s’accapare une part de marché supérieure à 50 %. La France vient de lancer un Appel à manifestation d’intérêt (AMI) dans le but de dynamiser ses liens économiques et d’innovation dans ce secteur avec l’écosystème taïwanais.

Cette initiative est portée par la Direction générale des entreprises (DGE) et le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI). Elle s’inscrit dans la stratégie électronique du plan France 2030, consacrée au développement et à l’industrialisation de technologies électroniques essentielles pour répondre aux grands défis des transitions numérique et écologique. Depuis le tournant des années 2010, les importations de semi-conducteurs de l’Hexagone sont en constante augmentation. En 2022, elles ont atteint 7 milliards d’euros, dont 90 % sous forme de produits finis, contre une production nationale de 5 milliards d’euros.

Le dispositif doit permettre de recenser les entreprises françaises souhaitant collaborer avec des partenaires taïwanais. Une centaine d’entre elles travaille dans la filière des semi-conducteurs en France, dont deux tiers de PME, et emploie environ 35 000 personnes. Mais cinq entreprises réalisent à elles seules 85 % de la production nationale en 2022. Le but du partenariat est d’identifier des projets de R&D permettant de renforcer le positionnement de la France et de Taïwan au sein de la chaîne de valeur électronique mondiale en s’appuyant sur les forces de leurs écosystèmes respectifs. Les résultats doivent permettre de définir et d’adapter les modalités pour accélérer des projets et dynamiser la coopération bilatérale.

Optimiser la manière dont l’IA peut servir l’industrie des semi-conducteurs

Les consortiums doivent être composés à minima d’une entité française et d’un établissement taïwanais et sont invités à proposer des projets de R&D collaboratifs avant le 15 mai 2025. Deux volets distincts sont proposés, le premier couvre la fabrication des semiconducteurs. Les projets pourront par exemple porter sur le développement de composants, d’outils d’aide à la conception, de matériaux ou encore d’équipements nécessaires à la fabrication et aux tests de composants. Les technologies mobilisées pourront être larges et avoir un impact potentiellement sur l’ensemble de la chaîne de valeur des semi-conducteurs.

Le second volet couvre la manière dont l’utilisation de l’IA peut être mise au service des semi-conducteurs. Les technologies d’IA devront permettre d’optimiser les processus de conception, de design, de fabrication, ainsi qu’améliorer les procédés industriels et les tests de ces composants. Ou alors porter sur l’intégration de fonctionnalités capables d’assurer le déploiement de nouveaux usages des semi-conducteurs.

Plus largement en Europe, à travers l’European Chips Act entré en vigueur en 2023, l’UE a pour ambition d’atteindre une part de marché de 20 % en 2030 dans la production mondiale des semi-conducteurs, contre environ 10 % aujourd’hui. Ce règlement, qui prévoit de mobiliser 43 milliards d’euros d’investissements publics et privés, vise à renforcer les capacités technologiques et d’innovation de ce secteur sur sol européen, à augmenter les investissements et à atteindre une meilleure coordination entre la Commission européenne, les États membres et les autres acteurs concernés.

De leur côté, les États-Unis ont adopté en 2022 une loi – le CHIPS Act – dont le but est de renforcer leur industrie des semi-conducteurs. 52 milliards de dollars d’aides financières ont été votés pendant le mandat de Joe Biden en faveur des fabricants qui s’engagent à produire ces composants sur le territoire. Mais Donald Trump a récemment menacé de supprimer ces subventions et a annoncé son intention d’appliquer des droits de douane sur les semi-conducteurs importés aux États-Unis, afin d’inciter les fabricants à implanter leurs usines sur le sol américain.


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