Mettre fin au règne de la batterie domestique au plomb, voici le nouveau rêve d’Elon Musk, PDG de Tesla. Le nom donné à cette batterie lithium-ion de 6,4 kilowattheures (kWh), née en avril 2015 : le Powerwall. Élégante, cette batterie peut-être accrochée au mur et prend moins de place qu’un chauffe-eau électrique (1,3 m de haut, 86 cm de large et 18 cm de profondeur).
Cette batterie a deux missions : stocker le surplus d’électricité produit par vos panneaux solaires la journée et stocker de l’électricité du réseau aux heures creuses. Ainsi, l’électricité produite par vos panneaux ne sera plus injectée dans le réseau mais sera autoconsommée lorsque vous en aurez besoin. Si votre production solaire ne couvre pas l’ensemble de votre consommation, la batterie pourra également se recharger aux heures creuses, pour restituer son électricité durant les heures pleines. Pour les consommateurs les plus gourmands, il est possible d’associer jusqu’à 9 Powerwall, pour atteindre 57,6 kWh. La batterie est prévue pour une utilisation de –20 à 50°C, avec un rendement de 92,5 %.
Pour les entreprises, Tesla propose le Powerpack, une batterie d’environ 3 m3 qui stocke 100 kWh d’électricité.Vendu à 25 000 dollars l’unité, là encore le produit est modulaire : Elon Musk envisage des parcs de plusieurs centaines, voire de plusieurs milliers de Powerpack.
Un produit prometteur, mais pas encore rentable pour tout le monde
A ce jour, le Powerwall est loin d’être rentable partout. Aux Etats-Unis, il est vendue 3.000 dollars. Il faut ajouter le prix de l’installation, la pose d’un onduleur pour convertir le courant continu en courant alternatif. Le prix de l’installation complète peut alors monter jusqu’à 7.000 dollars.
Pour que le Powerwall se démocratise dès aujourd’hui, il faudrait que le coût de l’électricité du système autonome sur l’ensemble de sa durée de vie soit comparable au coût de l’électricité sur le réseau.
Mais l’intérêt de cette batterie ne doit pas être analysé que sous l’angle de la rentabilité immédiate. Car elle permet notamment d’alimenter vos appareils, sans interruption, en cas de coupure du réseau. Elle pourrait également assurer l’autonomie énergétique des sites isolés, sans batterie au plomb et sans cuve au fioul. Par ailleurs, le coût de l’électricité devrait continuer à augmenter et le prix des batteries diminuer grâce à l’augmentation des volumes de production. De quoi rendre ces batteries domestiques de plus en plus compétitives. C’est notamment le défi de l’usine de Tesla Gigafactory dans le Nevada, siège de la production des Powerwall. Enfin pour lancer le marché, ces batteries pourraient bénéficier d’aides à l’achat, comme c’est le cas pour de nombreux produits permettant une meilleure efficacité énergétique ou ayant un intérêt environnemental certain.
Des concurrents s’attaquent à ce marché
Preuve que le marché est prometteur, Schneider Electric et Mercedez-Benz ont récemment annoncé la commercialisation de batteries domestiques lithium-ion pour 2016. Comme chez Tesla, le prix de ces batteries devrait avoisiner les 500 dollars par kWh.
Composée de « lames » d’une capacité de base de 2 kWh, la batterie de l’industriel français, baptisée EcoBlade, est entièrement modulable. Plusieurs lames peuvent ainsi être additionnées pour s’adapater à différentes utilisations : batterie domestique mais également data-centers, immeubles, villages ou campus. Outre les pays développés, Schneider mise sur les pays émergents et en développement. Ces pays commencent à produire des énergies renouvelables, mais le réseau électrique y reste peu fiable. Le développement de batteries domestiques permettra d’y limiter les risques de coupures prolongées et aura des bénéfices environnementaux importants. La « Energy Storage Home » du groupe allemand est également modulaire : les clients pourront assembler jusqu’à huit modules de 2,5 kWh pour atteindre un total de 20 kWh.
Début février, Elon Musk a réagi à ces annonces en promettant une deuxième version du Powerwall pour juillet/août 2016. Pour le moment, on sait simplement qu’elle apportera « un nouveau changement radical en termes de possibilités ». Cette nouvelle version permettra-t-elle d’assurer un véritable retour sur investissement ? La guerre des prix est lancée.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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