L’entreprise Injectpower présentera ses microbatteries au Consumer Electronics Show (CES) à Las Vegas en janvier 2023. Son cofondateur et directeur général, Philippe Andreucci, présente cette technologie qui veut révolutionner le monde du dispositif médical.
Le marché des dispositifs médicaux se développe fortement, mais se heurte à une problématique de taille : le stockage de l’énergie. « 80 % du volume d’un dispositif médical implanté est aujourd’hui porté par la dimension énergétique, que ce soit des piles ou des batteries, explique Philippe Andreucci, cofondateur et directeur général d’Injectpower. On se prive ainsi d’un très grand nombre de solutions thérapeutiques du seul fait de cette problématique d’apport en énergie. »
C’est là que la technologie d’Injectpower intervient. Les ingénieurs de l’entreprise ont mis toute leur expertise pour développer des microbatteries visant à révolutionner le monde du dispositif médical. « On a développé une nouvelle génération de microbatteries rechargeables, ultra-miniaturisées, à haute densité d’énergie, assure Philippe Andreucci. Comparativement aux autres dispositifs du marché, on est à peu près 5 à 10 fois supérieurs en matière de densité d’énergie et le tout sur une très fine épaisseur, pas plus de deux cheveux, soit une centaine de micromètres d’épaisseur. » La solution qui s’est vu décerner un « Innovation Award » dans la catégorie « santé connectée » sera présente au CES Las Vegas du 5 au 8 janvier 2023.
Un premier dispositif autonome
Grâce à cette nouvelle génération de microbatteries à base de lithium et d’oxyde de lithium sous forme solide, s’ouvre un large domaine d’applications. « Cette diminution massive de la taille des dispositifs médicaux que l’on peut offrir grâce à notre solution microbatterie va permettre l’émergence d’une nouvelle classe de dispositifs très peu invasifs », explique Philippe Andreucci. Il annonce : « Nous avons développé une toute petite batterie de la taille d’un quart de grain de riz et de l’épaisseur d’un cheveu qui vient se coupler à un capteur de pression ultra-compact qui va permettre de mesurer la pression intracorporelle dans au moins trois endroits : l’œil, le cerveau et le cœur. Notre batterie permettra de faire des mesures tous les quarts d’heure, rechargée toutes les semaines sans fil, par induction, en quelques minutes. » L’entreprise développe tous ces composants « avec l’objectif de leur permettre de fonctionner au moins 10 à 20 ans », prévient le dirigeant.
Les dispositifs médicaux autonomes, placés dans le corps humain, assurent un véritable suivi en temps réel. « Ce monitoring permet ainsi d’engager une action thérapeutique au moment opportun », prévient Philippe Andreucci. L’entreprise souhaite ainsi améliorer l’efficacité thérapeutique sur trois types de maladies incurables. D’abord, le glaucome, maladie due à une augmentation de la pression dans l’œil. Cette maladie induit la destruction du nerf optique et rend irrémédiablement aveugle. La technologie pourra aussi s’appliquer aux traumatismes crâniens et aux accidents vasculaires cérébraux (AVC). Elle servira en plus à mieux suivre l’hydrocéphalie, symptôme mécanique d’autres pathologies qui entraîne la destruction de neurones. Ce symptôme se produit notamment lors d’une surpression à l’intérieur de la boîte crânienne. Enfin, elle pourra suivre les maladies cardiovasculaires où une surpression détruit le muscle cardiaque.
Une arrivée sur le marché en 2026
Le centre de R&D de l’entreprise est situé à Grenoble, et l’entreprise cherche à installer dans la région un premier site de production, en partenariat avec le groupe Doliam d’ici 2026. Les premiers produits pour la neurochirurgie et l’ophtalmologie devraient arriver sur le marché en 2026.
Injectpower imagine déjà la suite et rêve d’autres applications « avec une seule batterie, un peu plus grosse, mais toujours de l’épaisseur d’un ou deux cheveux ». Philippe Andreucci cite notamment deux marchés prometteurs pour la technologie : celui du pacemaker et de la neurostimulation. « L’objectif final est toujours de diminuer la taille des dispositifs et de les implanter en mode ambulatoire, c’est-à-dire que le patient entre le matin et ressort le soir, avec une chirurgie minimaliste », précise-t-il.
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE