Les puces sont partout. Sans nous en apercevoir, ces petites antennes plates de type RFID (Radio Frequency Identification Device) sont présentes sur des animaux, des cartons d’emballage, des machines automatiques…
De nombreux secteurs industriels en utilisent, mais également la santé. Selon une étude d’Acumen Research And Consulting, le marché des puces RFID dans ce secteur devrait atteindre 6,4 millions de dollars. La RFID permet une meilleure communication entre services, une surveillance plus précise des patients, le suivi des médicaments (pour limiter les risques liés à un mauvais dosage, mais aussi pour endiguer la contrefaçon)…
Mais l’étape suivante sera-t-elle l’intégration de micropuces (de la taille d’un très gros grain de riz) sous la peau ? La réalité rejoindrait la science-fiction. Dans une scène du film Minority Report (une nouvelle de l’auteur de science-fiction Philip K. Dick), on voit Tom Cruise entrer dans un magasin d’habillement. Immédiatement, une machine lui énumère ses derniers achats… Toutes ces informations ont été « réveillées » lorsque sa puce électronique est entrée dans le champ d’action d’un ordinateur.
Suivi des diabétiques
La première implantation d’une puce remonte à 2005. Amal Graafstra s’implante dans la main gauche une puce RFID pour accéder à son bureau, son domicile, ouvrir les portes de sa voiture et se connecter à son ordinateur. En 2013, il crée l’entreprise Dangerous Things.
Cette puce pourrait remplacer notre Carte Vitale ou notre carte d’identité. Aux États-Unis, la Food and Drugs Administration (FDA), l’organisme officiel qui délivre notamment les autorisations de mises sur le marché des médicaments, a approuvé en octobre 2004 l’implantation sous-cutanée de ces puces à des fins médicales. Une cinquantaine de familles de Floride avait reçu des implants de VeriChip, une filiale de la société américaine Applied Digital Solutions (ADS), qui développe des systèmes de surveillance miniaturisés.
Quatre ans plus tard, la FDA avait approuvé un autre système destiné à suivre les adultes atteints de diabète. Un peu plus tôt, en mars 2004, le Baja Beach Club, aux Pays-Bas, avait lancé un programme VIP utilisant la VeriChip comme laisser-passer rapide pour l’entrée et comme système de suivi des notes de bar. Ce programme a duré entre 2004 et 2008 et n’est plus actif.
VeriChip a en effet été rachetée puis vendue à plusieurs reprises (renommée « PositiveID corporation » depuis novembre 2009). Son programme n’est plus développé, notamment après des rumeurs selon lesquelles ces implants auraient pu être responsables de cancers chez certains animaux de laboratoire.
Mais les aléas de cette principale initiative commerciale n’ont pas pour autant découragé d’autres entreprises. On estime qu’actuellement environ 10 000 personnes dans le monde ont des micropuces implantées. Un grand nombre de ces « cyborgs » réside en Suède et utilise cette technologie non pas pour des raisons de santé, mais pour déverrouiller les portières de la voiture, acheter un café ou entrer dans une salle de sport.
Des cyborgs plus performants que les salariés…
L’incubateur suédois Epicenter à Stockholm, qui regroupe une centaine de start-ups et environ 2 000 professionnels, a commencé à en implanter en janvier 2015 sur environ 150 personnes. Au Royaume-Uni, la société BioTeq commercialise un implant NFC pour stocker ses données personnelles, des mots de passe ou encore des portefeuilles de bitcoins.
Une entreprise belge de marketing, New Fusion, propose à ses employés de se faire poser une puce RFID sous la peau afin de remplacer le badge électronique permettant d’accéder à leur lieu de travail.
Mais des salariés craignent d’être mis sur la touche, d’ici 2035, par des personnes équipées de puces électroniques améliorant leurs performances. C’est ce que pensent deux tiers des personnes ayant participé à une enquête de Citrix aux États-Unis et en Europe.
Comme pour la plupart des nouvelles technologies, celle-ci pose des problèmes de sécurité et de respect de la vie privée. Pourtant, aucune donnée GPS n’est relevée sur ces puces et il est nécessaire d’être près d’un lecteur pour y lire les informations stockées.
Un nombre suffisant d’employeurs ont envisagé de rendre obligatoire l’implantation de micropuces à leurs employés pour qu’en 2020, le Michigan et plusieurs autres États présentent et adoptent des projets de loi visant à empêcher les employeurs d’obliger leurs employés à accepter l’implantation de micropuces.
Les employeurs ne peuvent pas conditionner une offre d’emploi à l’insertion d’une puce et si des travailleurs perdent leur emploi pour avoir prétendument refusé d’en implanter une, le projet de loi leur permet de poursuivre en justice pour dommages et intérêts.
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