Découvrez comment vous faire une place dans ces domaines grâce aux conseils pratiques de Vincent Dickson, étudiant au Centre de recherche RAPSODEE de l’IMT Mines Albi.
L’interview a été réalisée en anglais, et traduite en français.
Techniques de l’Ingénieur : Quel est votre parcours professionnel et quelles sont les études que vous avez suivies ?
Vincent Dickson : J’ai étudié la chimie industrielle dans le cadre de ma licence à l’université du Bénin au Nigeria, avec des bases en chimie verte, alimentaire, analytique, environnementale et organique, en mettant l’accent sur les processus durables et la réduction de l’impact sur l’environnement.
Cette formation m’a naturellement conduit vers le domaine des technologies vertes. Désireux d’approfondir mes connaissances et d’acquérir des bases solides en matière de principes d’ingénierie et de leurs applications pratiques au développement durable, j’ai suivi un master en « ingénierie des systèmes complexes » axé sur la valorisation des déchets et de la biomasse en énergie et en matériaux utiles à l’IMT Mines Albi, en France.
Tout au long de mes études, je me suis concentré sur les domaines liés à la transition vers la durabilité. Actuellement, je suis dans la dernière année de ma thèse de doctorat sous contrat CIFRE, axée sur la récupération et l’optimisation de métaux précieux tels que le nickel et le cobalt par des techniques hydrométallurgiques pour Prony Resources, en Nouvelle-Calédonie.
Le marché des véhicules électriques joue un rôle clé dans l’adoption des énergies propres et a connu une croissance substantielle ces dernières années. Ces métaux (Ni, Co, etc.) sont cruciaux car ils forment l’électrode cathodique, qui influence grandement les performances, la durabilité, le coût et l’autonomie des véhicules électriques.
Sur le plan professionnel, j’ai travaillé sur des projets visant à récupérer des éléments de valeur à partir de déchets (stage) et de minerais (thèse de doctorat), en mettant l’accent sur l’optimisation des processus et la réduction de l’impact sur l’environnement.
Comment se prépare-t-on à tant d’années d’études ?
La préparation à un long parcours universitaire en ingénierie, en particulier dans le domaine des technologies vertes, exige un mélange de passion, de résilience et de planification stratégique.
Le domaine des technologies vertes est en constante évolution et il est passionnant de voir comment chaque étape des études s’appuie sur la précédente. Pour moi, l’une des principales motivations a été de comprendre l’impact de mes études sur le monde réel et de reconnaître que les compétences que je développais pouvaient contribuer à résoudre les problèmes environnementaux critiques auxquels l’humanité est confrontée.
J’ai abordé chaque étape avec enthousiasme et en me fixant des objectifs précis. En outre, le fait de m’entourer de mentors et de pairs partageant les mêmes idées m’a aidé à rester motivé.
Les relations professionnelles et les stages m’ont ouvert les portes à des projets et des collaborations passionnants. Ces relations sont à la fois source d’inspiration et d’orientation, ce qui est essentiel pour maintenir l’élan tout au long d’un long parcours universitaire.
Qu’est-ce qui vous a motivé à poursuivre une carrière dans les technologies et l’ingénierie vertes ?
J’ai toujours été passionné par la recherche de solutions aux défis environnementaux, et j’ai vu dans les technologies vertes un moyen d’avoir un impact tangible.
Ce domaine combine la chimie, l’ingénierie, l’innovation et la durabilité, ce qui me permet de travailler sur des projets qui favorisent des processus de production plus propres.
Je pense que les technologies vertes offrent une voie pour résoudre des problèmes cruciaux tels que l’épuisement des ressources et le changement climatique, et je m’engage à mettre mes compétences au service de solutions durables.
Comment les étudiants peuvent-ils se préparer à une carrière dans les technologies vertes tout en poursuivant leurs études ?
Les étudiants peuvent se préparer en suivant des cours sur les sciences de l’environnement, les énergies renouvelables et les pratiques d’ingénierie durable.
En outre, la participation à des projets, des stages et l’adhésion à des organisations étudiantes axées sur le développement durable peuvent permettre d’acquérir une expérience pratique précieuse.
Apprendre de nouveaux outils logiciels et se tenir au courant des dernières technologies vertes offre également un avantage concurrentiel.
Participer à des stages, comme celui que j’ai effectué à Vale, en Nouvelle-Calédonie (stage d’été), et à KIT-IKFT, à Karlsruhe, en Allemagne, m’a aidé à comprendre les applications et les défis du monde réel, ce qui a facilité ma transition vers un rôle professionnel.
Quelles sont les compétences essentielles pour les étudiants qui veulent entrer dans le domaine de l’ingénierie verte ?
Parmi les compétences essentielles, citons une base solide en matière de principes d’ingénierie, des capacités de résolution de problèmes et une compréhension des technologies d’énergie renouvelable.
Les compétences en analyse de données, en gestion de projet et en connaissance des réglementations environnementales sont également importantes en fonction de la voie choisie pour aborder les questions de durabilité à l’avenir.
En outre, les compétences non techniques telles que la communication, le travail d’équipe et l’adaptabilité sont cruciales, car les projets de développement durable impliquent souvent des équipes pluridisciplinaires.
L’apprentissage d’outils tels que MATLAB, Python, Aspen, Power BI, etc., en fonction du domaine, est également bénéfique pour l’analyse des données et des techniques.
Pourriez-vous nous faire part de certains des défis auxquels vous avez été confronté au début de votre parcours dans les technologies vertes, et de la manière dont vous les avez surmontés ?
L’un des principaux défis auxquels j’ai été confronté est que j’ai obtenu ma licence en chimie, ce qui m’a limité dans l’utilisation de la plupart des logiciels utilisés aujourd’hui dans mon travail.
J’ai appris certains de ces outils logiciels en cours de route. Je pense que les compétences non techniques sont plus importantes, car les compétences techniques peuvent être acquises à tout moment. De même, j’ai manqué d’expérience pratique en ingénierie jusqu’à l’obtention de mon master.
Pour y remédier, j’ai activement recherché des stages et participé à des projets liés à l’ingénierie verte, en appliquant mes connaissances en chimie pour mieux comprendre comment les connaissances théoriques sont appliquées dans des scénarios du monde réel.
La mise en réseau avec des professionnels et des mentors dans ce domaine s’est également avérée inestimable pour recevoir des conseils et découvrir de nouvelles opportunités.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants qui souhaitent entrer dans le secteur des technologies vertes ?
Mon conseil serait de rester curieux et ouvert à l’apprentissage. Le domaine des technologies vertes évolue rapidement, il est donc essentiel de se tenir au courant des dernières innovations.
Cherchez des mentors, assistez à des conférences et à des séminaires, visitez des industries travaillant dans le domaine d’étude que vous envisagez lors d’excursions et participez à des communautés en ligne où vous pouvez apprendre et échanger des idées.
N’ayez pas peur de vous lancer dans des projets ambitieux, car ils vous permettront de développer vos compétences en matière de résolution de problèmes et votre confiance en vous.
Ne sous-estimez jamais la valeur de l’apprentissage continu : chaque expérience, qu’elle soit une réussite ou un défi, contribue à votre croissance.
Comment voyez-vous l’avenir des technologies vertes et leur impact sur les carrières d’ingénieur ?
L’avenir des technologies vertes est prometteur, avec une demande croissante de solutions durables dans diverses industries.
Cette tendance créera probablement de nouvelles opportunités de carrière, des systèmes d’énergie renouvelable aux matériaux écologiques en passant par les technologies de gestion des déchets.
J’en ai été le témoin direct grâce à des projets sur la valorisation de la biomasse, le traitement des déchets et la récupération des métaux, qui visent à transformer les déchets en ressources précieuses.
Les fonctions d’ingénierie deviendront de plus en plus interdisciplinaires, exigeant des professionnels qu’ils allient expertise technique et compréhension des politiques environnementales et des stratégies d’entreprise.
Pouvez-vous nous faire part de projets en cours ou passés qui mettent en évidence le rôle de l’ingénierie verte dans la résolution des problèmes environnementaux ?
L’un de mes principaux projets consistait à optimiser l’extraction du nickel chez Prony Resources afin d’améliorer l’efficacité tout en minimisant l’impact sur l’environnement.
En élaborant des plans d’expérience et en effectuant des analyses statistiques, j’ai identifié les conditions optimales d’extraction du nickel avec une incrustation minimale, ce qui a permis de soutenir un processus industriel efficace et de réduire la consommation d’énergie, qui augmente souvent en raison des fréquents redémarrages de l’équipement après le détartrage.
Un autre projet, réalisé pendant mon stage à l’Institut de technologie de Karlsruhe (Institut de recherche et de technologie sur la catalyse) en Allemagne, portait sur le traitement des eaux usées issues de la pyrolyse de la biomasse.
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