En effet le prix du baril OPEP, publié quotidiennement par le Cartel, a perdu près de 10 dollars le baril depuis le 18 Juin dernier (FIG.I) pour se retrouver à mi Août aux frontières des 100$ le baril, seuil psychologique de déclenchement de puissants conflits d’intérêts. La vie est chère en Arabie, l’inflation y galope, les dignitaires locaux émargeant à la rente pétrolière ne peuvent pas voir leurs revenus s’étioler et leur standing baisser. Ces dignitaires gèrent, avec rigueur, une rente naturelle payée en dollars et non en monnaie locale. (On peut lire les travaux de l’excellent Yanagisawa sur ce sujet)
FIG.I Prix du panier moyen OPEP en dollars le baril depuis le mois de Juin 2011
La dernière réaction de ce pays n’est pourtant pas si lointaine. Entre Juin et Juillet 2012 les prix du panier OPEP étaient passés au-dessous des 100$ le baril pour même atteindre les 90$ (FIG.I), cette incartade du Marché fut immédiatement punie par une baisse des productions saoudiennes de près d’un million de barils/jour durant plusieurs mois (FIG.II), le temps de purger dans le monde quelques stocks de pétrole brut trop abondants et de tendre à nouveau les flux. Les cours du baril retrouvèrent rapidement des niveaux satisfaisants pour le Cartel, autour des 110 dollars le baril.
FIG.II Flux des extractions mensuelles moyennes de pétrole par l’Arabie Saoudite, en millions de barils par jour
Les dernières productions de ce Royaume publiées par l’EIA (je suppose que l’Administration américaine connait très bien les productions saoudiennes) pour le mois de Juillet sont à 9,8 millions de barils/jour en croissance par rapport à celles du mois précédent. Cela signifie que la demande de brut, venant essentiellement d’Asie, a été soutenue au mois de Juillet. Je pense cependant que devant la baisse des prix du baril, l’Arabie Saoudite ne peut pas rester trop longtemps indifférente à ce phénomène, même si son allié américain lui a demandé de laisser chuter les cours pour handicaper un peu plus la Russie et favoriser la relance économique. Il sera donc passionnant de suivre les productions de pétrole saoudien d’ici à la fin de cette année et d’en mesurer les effets sur les cours du pétrole. Comme par le passé récent, ces derniers ne devraient pas rester durablement au-dessous des 100 dollars le baril.
Par Raymond Bonnaterre
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