Selon les chiffres publiés par le Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, le nombre de doses-unités épandues à l’hectare (NODU), l’indicateur d’utilisation des pesticides du plan Ecophyto, enregistre une baisse de 2,7 % entre 2014 et 2015 pour les usages agricoles. C’est une bonne nouvelle, après une hausse spectaculaire de 9,4% entre 2013 et 2014 et une hausse de 9,2 % entre 2012 et 2013. Néanmoins, sa valeur moyenne triennale augmente de 4,2 % entre les périodes 2012-2014 et 2013-2015. Une hausse inférieure aux hausses triennales précédentes : 5,8 % entre 2011-201 et 2012-2014.
Pour les zones non agricoles (jardiniers amateurs et collectivités), la réduction de l’usage des pesticides est largement supérieure : – 14 %. L’interdiction de l’usage des pesticides par l’État et les collectivités pour l’entretien des espaces verts, prévue par la loi de transition énergétique pour la croissance verte, votée à l’été 2015, semble déjà porter ses fruits. Dès 2019, viendra s’y ajouter l’interdiction de la vente de pesticides aux jardiniers amateurs.
Pour rappel, l’objectif du plan Ecophyto était de parvenir à une baisse de l’usage des pesticides de 50% entre 2008 et 2018. Face à l’absence de résultats, Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, a lancé le plan Ecophyto 2 en octobre 2015. Il vise désormais une baisse de l’usage des pesticides de 25 % en 2020, et de 50 % en 2025.
Amplifier la dynamique grâce aux fermes Dephy et aux CEPP
Le ministre compte sur la diffusion des bonnes pratiques expérimentées dans les fermes Dephy, ces exploitations engagées dans une démarche volontaire de réduction de l’usage de pesticides. « Ces exploitations, à compter de leur entrée dans le réseau, affichent une baisse moyenne de leur indice de fréquence de traitement de 18 % par rapport à la moyenne des années 2013-2015 », assure Stéphane Le Foll dans un communiqué. Ce réseau a été élargi à 3.000 fermes en 2016, contre 2.000 auparavant.
Le plan Ecophyto 2 est doté d’un budget de 41 millions d’euros chaque année au niveau national, dont 2,3 millions d’euros sont alloués à la recherche et à l’innovation. Depuis 2016, « il bénéficie d’un financement complémentaire de 30 millions d’euros par an en région, pour accompagner les agriculteurs dans le changement de leurs pratiques et soutenir les investissements dans les exploitations agricoles », précise Stéphane Le Foll. La FNSEA en profite pour demander à ce qu’une partie « conséquente » de ces moyens soit investie davantage dans la recherche et l’innovation. Pour que les résultats soient au rendez-vous, « l’idée est bien d’avoir des solutions alternatives, applicables et prêtes à l’emploi pour les agriculteurs qui sont concernés », rappelle la Fédération.
Le dispositif des certificats d’économie de produits phytosanitaires (CEPP) est la grande nouveauté du plan Ecophyto 2 adopté en octobre 2015. Retoqués par le Conseil d’État pour des questions de procédures fin décembre 2016, ils ont été réintégrés à la loi Potier sur l’accaparement des terres agricoles et le développement du biocontrôle, votée à l’Assemblée nationale le 18 janvier. Elle doit désormais passer au Sénat le 7 février, avec passage en commission mixte paritaire.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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