Inspirée par les technologies spatiales, la startup française Interstellar Lab a conçu un village autonome, appelé EBIOS, pour y vivre comme sur Mars, mais aussi conserver la biodiversité. En attendant d'accueillir des premiers habitants sur la planète rouge, la startup proposera prochainement de vivre l'expérience martienne sur Terre. Scientifiques, astronautes et grand public pourront se côtoyer au sein d'un premier village pilote aux États-Unis, dans le désert des Mojaves.
À quoi pourrait ressembler la vie humaine sur Mars, sans eau, ni nourriture, ni air respirable ? C’est la question à laquelle essaient de répondre plusieurs scientifiques spécialisés dans les technologies spatiales. Parmi eux, Barbara Belvisi. Cette jeune femme d’affaires française de 34 ans est la fondatrice et dirigeante d’Interstellar Lab, une startup créée en 2018. L’objectif de la jeune pousse : mettre au point EBIOS, un village intégralement autonome et autosuffisant dans lequel pourrait s’exporter la vie humaine sur la planète rouge. À terme, le site EBIOS devrait pouvoir accueillir 105 personnes. Avant cela, un premier module de test, d’une capacité d’accueil de cinq personnes, sera mis au point aux États-Unis au deuxième semestre 2020.
Un lieu de sciences et de cultures
C’est dans le sud de la Californie, au cœur du désert des Mojaves, que le premier village sera en capacité d’accueillir du public dès la fin de l’année 2021. Un second site devrait ouvrir ses portes en 2022 en Floride, près de Cap Canaveral. D’autres suivront dans les années suivantes, dont un au moins en Europe. En tout, Interstellar Lab ambitionne d’ouvrir une dizaine de sites dans le monde. Un village EBIOS est pensé pour pouvoir accueillir à la fois des membres de la communauté scientifique et le grand public. « Nous voulons que les publics se mélangent, c’est l’un de nos enjeux. Il y aura cependant des périodes durant lesquelles uniquement scientifiques ou astronautes seront sur site pour conduire différentes expérimentations », précise Barbara Belvisi. Pour vivre une semaine en autarcie, chaque personne devra débourser entre 3 000 et 6 000 euros.
Concrètement, toutes les stations EBIOS devraient être conçues sur le même modèle. Le modèle architectural retenu est celui d’une fleur, aux allures très futuristes. Chaque site devrait être composé de plusieurs unités hermétiques reliées entre elles, et qui convergeraient toutes vers un dôme central. Comme l’attestent les images de synthèse de simulation du projet, la végétation devrait occuper une place prépondérante au cœur de cet écosystème. Pour la nourriture, les plantes seraient cultivées par hydroponie. Les outils technologiques utilisés par Interstellar Lab permettront également de traiter de l’eau souillée pour en refaire de l’eau potable. Et derrière un attendu laboratoire scientifique, se trouveront également un lieu destiné à la musique et à la détente, ainsi qu’une salle de sport.
Un circuit fermé, aux équilibres complexes
En plus de sa dimension spatiale, Interstellar Lab propose une solution efficiente pour la préservation du vivant sur Terre. « La vie que l’on tente d’apporter sur Mars est exactement celle que nous cherchons à protéger ici ; c’est la genèse de mon projet », explique Barbara Belvisi. « Chez Interstellar Lab, on ne rêve pas de fuite sur Mars : on s’attache à résoudre les problèmes sur Terre tout en nous préparant pour la vie ailleurs », ajoute-elle. Par ailleurs, la startup recherche des terrains éloignés des villes, sans aucun raccordement aux réseaux d’eaux ou d’énergies pour implanter ses unités innovantes. En effet, le fonctionnement des unités EBIOS repose sur le principe de l’habitat bio-régénératif, et tire son nom de ce principe. Ainsi, EBIOS signifie « Experimental BIOregenerative Station ».
C’est pour cela que ce village innovant est un système en circuit fermé, où l’eau, la nourriture et l’énergie sont entièrement recyclés. L’un des plus grands challenges liés à cette boucle fermée est la gestion de l’air. Pourtant, EBIOS sera bien autonome sur ce point. « L’O2 est produit par les plantes, le CO2 traité par les plantes. Nous avons des tanks de back-up en cas de problème sur notre système de production agricole. Le plus gros challenge est l’estimation de la production agricole et donc de la consommation de CO2 par les plantes, la quantité d’O2 qu’elles produisent et leur besoin en azote. Un des challenges sur l’azote est de construire le bon modèle d’équations stœchiométriques qui nous permette de simuler les conditions dans EBIOS », éclaire Barbara Belvisi.
Crédit photos : Interstellar Lab
Pouvez-vous expliquer l’intérêt de ces missions puisque nous savons que toute vie humaine est proscrite sur Mars ? Atmosphère toxique (96% CO2), températures très basses (-63° en moyenne), aucune protection contre les radiations solaires etc.) Ne pourrait-on s’occuper un peu mieux de la Terre plutôt ? Ou croyez-vous vraiment qu’il reste assez à vivre à l’humanité pour trouver un nouvel asile, en plus d’avoir trouvé comment s’y rendre et y arriver vivants, quand nous aurons fini de rendre notre habitat… inhabitable ? Ne trouvez-vous pas qu’il est présomptueux de croire que nous sommes aptes à résoudre les problèmes que nous créons quand notre histoire est faite de suite d’erreurs dont nous ne réalisons les conséquences que quand il est trop tard ?
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