En mai dernier, la police française a démantelé un trafic de papiers : des cartes d’identité et des passeports volés étaient envoyés en Grèce pour être réutilisés. Depuis des années, des escrocs s’appuient sur différentes techniques comme la contrefaçon (reproduction intégrale du document) et la modification (les fraudeurs tentent de modifier les données) pour reproduire ces documents.
Pour éviter la création de faux passeports, il est nécessaire de concevoir un document très difficile à copier, à produire et à personnaliser en combinant des caractéristiques tactiles et optiques, des technologies différentes et en utilisant des matériaux et des encres non disponibles dans le domaine public.
L’une des technologies plébiscitées actuellement est l’utilisation d’une page de données en polycarbonate, car elle est plus difficile à falsifier qu’une page de données en papier et elle offre une plus grande variété de caractéristiques de sécurité visuelle.
Apparu dans les années 50 en Europe, le polycarbonate est un matériau thermoplastique utilisé à des fins diverses (de la fabrication d’abris à la vaisselle dite « incassable » en passant par des pièces pour l’automobile et l’aviation).
Ce matériau résistant aux chocs à froid comme à chaud (jusqu’à 100 °C) peut être facilement manipulé, laminé et gaufré, et son coût est similaire à celui des alternatives naturelles comme le PET ou le PVC.
Un document en polycarbonate contient plusieurs couches qui seront laminées ensemble. Pendant le processus de laminage, les couches sont fusionnées entre elles ; le résultat final est un matériau fini qui ne peut pas être délaminé, ce qui est d’une importance capitale pour la sécurité du document. En France, l’imprimerie nationale propose ce type de passeport depuis 2016.
Des lasers spéciaux
Résultat, les émissions de passeports en polycarbonate devraient doubler, passant de 60,1 millions en 2020 à 125,5 millions dans quatre ans selon l’étude « Passports and Polycarbonate : Securing the Datapage market data » publiée récemment par ABI Research, une société de conseil sur le marché mondial des technologies.
Deux raisons principales sont avancées par ABI Research pour expliquer cette forte croissance. Premièrement, trois régions (l’Amérique latine, le Moyen-Orient et l’Afrique) devraient accroître leurs émissions de passeports en polycarbonate. Des pays comme la Colombie, la Bolivie et le Nigeria affichent en effet leur volonté d’accroître la sécurité physique de ces documents.
Second facteur en faveur de ces documents, le développement de trois solutions (Color Laser Shield de Thales Gemalto, LASINK d’Idemia et CLIP ID de Veridos) de personnalisation par laser couleur (pour la photo et le numéro du passeport gravé dans la charnière et dans la page de données). Fin 2020, Thales et Zetes ont présenté le nouveau passeport belge qui intègre pour la première fois au monde ces informations gravées dans la charnière.
Pour plus de sécurité, les lasers utilisés dans la technologie Color Laser Shield de Thales ne sont pas disponibles sur le marché. Seuls les organismes autorisés peuvent y accéder.
Le procédé de gravure laser ne nécessite aucun consommable, contrairement aux machines d’impression à jet d’encre utilisées pour la personnalisation des pages de données sur papier qui nécessitent des fournitures comme des cartouches d’encre, etc.
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