Pour la première fois, des microplastiques ont été détectés dans les tissus de placentas humains à tous les niveaux. « Les microplastiques transportent avec eux des substances qui agissent comme des perturbateurs endocriniens et qui pourraient avoir des effets à long terme sur la santé humaine », s’inquiète l’étude à paraître en janvier dans le journal Environment International. Les chercheurs italiens redoutent notamment des dérèglements du système immunitaire et des effets transgénérationnels sur le métabolisme ou la reproduction.
Des microplastiques dans toutes les parties des placentas
Les chercheurs ont analysé six placentas humains, issus de grossesses et d’accouchement sans incident, à l’hôpital Fatebenefratelli de Rome. Au total, 12 microplastiques, de 5 à 10 micromètres (µm), de forme sphérique ou irrégulière ont été retrouvés dans quatre placentas. Cinq se trouvaient dans la partie fœtale, quatre dans la partie maternelle et trois dans la membrane amniotique qui tapisse la face interne du placenta. Ces tailles sont compatibles avec un possible transport par le système sanguin, préviennent les chercheurs. Ces derniers n’ont toutefois pas pu déterminer si ces microplastiques proviennent des organes respiratoires ou gastriques de la mère, c’est-à-dire s’ils ont été initialement ingérés ou inhalés.
Les douze particules sont colorées. Trois d’entre elles ont pu être identifiées comme étant du polypropylène coloré. Pour les autres, les chercheurs n’ont pas réussi à identifier le polymère, mais ont pu identifier les pigments qu’ils contenaient. Ainsi, les chercheurs affirment qu’il s’agit de microplastiques contenant des pigments que l’on retrouve classiquement dans les peintures, revêtements, adhésifs, enduits, cosmétiques et produits de soins personnels.
Le placenta, une interface importante
Pour chaque placenta, les chercheurs ont prélevé trois portions d’un poids moyen de 23 grammes du côté maternel, du côté fœtal et de la membrane amniotique. Le poids moyen d’un placenta s’élevant à 600 grammes, cela laisse supposer que le nombre de microplastiques total dans tout le placenta est beaucoup plus élevé.
Le placenta constitue l’interface entre le fœtus et l’environnement. Les embryons et les fœtus doivent s’adapter en permanence à l’environnement maternel et, indirectement, à l’environnement externe, par une série de réponses complexes. L’étude résume les risques potentiels : « Une partie importante de cette série de réponses consiste en la capacité à différencier soi-même et le non-soi, un mécanisme qui peut être perturbé par la présence de microplastiques. En fait, il est rapporté qu’une fois présents dans le corps humain, les microplastiques peuvent s’accumuler et exercer une toxicité localisée en induisant et/ou en accentuant les réponses immunitaires et, par conséquent, en réduisant potentiellement les mécanismes de défense contre les agents pathogènes et en modifiant l’utilisation des réserves d’énergie. »
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