Une étude révèle une fois de plus que les sachets de thé libèrent des quantités importantes de micro et nanoplastiques lors de leur infusion. Pour la première fois, les scientifiques ont mesuré les effets sur la santé humaine et démontrent que ces particules pénètrent les cellules intestinales et peuvent même se retrouver dans le noyau abritant le matériel génétique.
Les plastiques sont aujourd’hui très largement utilisés en raison de leurs nombreuses propriétés et ont notamment révolutionné le secteur de l’emballage alimentaire en prolongeant la durée de conservation des aliments frais. Malgré leurs multiples avantages, leur utilisation généralisée suscite de vives inquiétudes en raison de la pollution de l’environnement qu’ils provoquent ainsi que pour leurs risques sur la santé humaine. Une étude publiée dans la revue Chemosphere et réalisée par des chercheurs de l’Université Autonome de Barcelone (UAB) révèle une fois de plus que les sachets de thé libèrent des quantités importantes de micro et nanoplastiques lors de leur infusion.
Trois types de sachets à base de polymères et de compositions chimiques différentes ont été étudiés. Deux d’entre eux ont été achetés sur des sites en ligne, en l’occurrence Amazon et AliExpress, et étaient vides, c’est-à-dire sans thé à l’intérieur. Le premier sachet contenait du nylon-6, un polyamide et le deuxième, du polypropylène. Le troisième sachet acheté dans un supermarché local était une marque de thé vert ordinaire et composé de cellulose.
Lors de l’infusion de ces thés, les scientifiques ont mesuré que le polypropylène libère environ 1,2 milliard de particules par millilitre, d’une taille moyenne de 136,7 nanomètres ; quant à la cellulose, ce sont environ 135 millions de particules qui ont été quantifiées par millilitre et d’une taille moyenne de 244 nanomètres. Enfin, le nylon-6 a libéré 8,18 millions de particules par millilitre, d’une taille moyenne de 138,4 nanomètres. « Notre analyse complète a identifié la présence de structures filamenteuses de formes particulaires, principalement de l’ordre du nanomètre, confirmant l’étendue de la contamination plastique des sachets de thé et de tisanes couramment utilisés », écrivent les auteurs de cette étude.
Le mucus intestinal joue un rôle clé dans l’absorption des micro et nanoplastiques
Si cette dégradation des plastiques au contact des aliments en micro et nanoplastiques commence à être bien documentée, les conséquences de l’ingestion directe de ces particules sur la santé humaine sont jusqu’ici mal comprises. Pour la première fois, les chercheurs ont mesuré l’interaction de ces particules avec des cellules humaines et pour cela, ils ont coloré et exposé les particules à différents types de cellules intestinales.
Plusieurs expérimentations d’interaction biologique ont montré que les cellules intestinales productrices de mucus présentaient la plus forte absorption de micro et nanoplastiques et que ces particules pénètrent même dans le noyau des cellules qui abritent le matériel génétique. Les observations suggèrent un rôle central du mucus intestinal dans cette absorption et soulignent la nécessité de poursuivre les recherches sur les effets que l’exposition chronique peut avoir sur la santé humaine.
D’une manière plus globale, il apparaît que la composition des micro et nanoplastiques influence considérablement leurs interactions biologiques, conduisant à des ciblages et à des effets variés sur les organes, les tissus et les cellules. Ces différences peuvent entraîner des schémas d’accumulation, des profils de toxicité, des réponses immunitaires et des effets à long terme sur la santé spécifiques tels que la génotoxicité et la cancérogénicité.
Les scientifiques alertent sur le fait qu’il est « essentiel de développer des méthodes d’essai normalisées pour évaluer la contamination par les micro et nanoplastiques libérés par les matériaux en plastique en contact avec les aliments et de formuler des politiques réglementaires pour atténuer et minimiser efficacement cette contamination. Alors que l’utilisation du plastique dans les emballages alimentaires continue d’augmenter, il est essentiel de s’attaquer à la contamination par les micro et nanoplastiques pour garantir la sécurité alimentaire et protéger la santé publique. »
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