Covoiturer, louer sa voiture, son appartement et ses objets à des particuliers pour arrondir ses fins de mois… Ou encore assurer le réemploi de ses objets… Voici quelques solutions collaboratives bien implantées dans le quotidien des Français. Une nouvelle étude de l’Ademe publiée le 9 mars cherche à comprendre à quel point ces pratiques peuvent réduire les impacts environnementaux. Et ce n’est pas si évident. « Consommer de manière collaborative ne signifie pas automatiquement consommer responsable, assure l’Ademe. Le gain environnemental dépend fortement de la pratique conventionnelle à laquelle la pratique collaborative se substitue. »
Le covoiturage, un potentiel important
Lorsque l’on parle de covoiturage, on pense en priorité au covoiturage longue distance. L’Ademe estime dans ce cas le taux d’occupation d’un véhicule covoituré à 3,5 passagers. Mais le covoiturage se substitue pour 63% des covoitureurs au train, un mode de transport largement moins émetteur de gaz à effet de serre. 12% des covoitureurs confient même qu’ils n’auraient pas voyagé sans cette offre de covoiturage. « La réduction d’impact n’est que de 12% quand on prend en compte cette réalité de substitution », calcule l’Ademe.
Le covoiturage courte distance est largement plus profitable à l’environnement. En l’absence d’une telle solution, seulement 20% des clients auraient pris un mode de transport en commun. Dans 80% des cas, les covoitureurs auraient pris leur voiture seul. La pratique demeurant encore confidentielle et vu son fort potentiel, l’Ademe appelle à la développer pour augmenter le taux de remplissage moyen (2,56 personnes). Dans ce cas, l’impact environnemental diminuerait de moitié pour 2 passagers et de 75% pour 4 passagers.
Louer son matériel, mais à ses voisins!
Mieux vaut louer ou prêter du matériel, plutôt que d’acheter des objets neufs. Pour une perceuse utilisée 24 fois par an en étant louée à 3 particuliers, par exemple, l’Ademe estime des réductions d’impact d’environ 60% pour chaque utilisation par rapport à une utilisation simple individuelle. Mais « la logistique peut générer des impacts négatifs évalués jusqu’à +60% par rapport à la pratique conventionnelle », avertit l’Ademe. Ainsi, avant de louer des objets, il faut faire attention à leur localisation et ne pas les récupérer en voiture.
Lorsque l’on réemploi ou donne un objet, c’est la durée de la seconde détention du bien qui influe le plus le bilan environnemental. Par exemple, pour un lave-linge ayant une première vie de 10 ans, l’impact est réduit de 10% avec une prolongation moyenne de 3,6 ans dans son nouveau foyer. Les chiffres sont d’autant plus intéressants que l’on prolonge la vie de produits dont les impacts sont concentrés sur la phase de production. C’est notamment le cas des équipements électroniques ayant une faible consommation électrique. Pour une tablette, en prolongeant la durée d’usage de 2 à 4 ans, le bilan environnemental est ainsi amélioré de 50%.
Gare à l’effet rebond!
Pour la location de logements de courte durée entre particuliers, les conclusions sont moins évidentes. A surface équivalente, les impacts environnementaux du logement proposé par un particulier par rapport à une chambre d’hôtel dépendent notamment du mix électrique du pays d’accueil. Mais dès lors que la surface louée chez les particulier est supérieure de 25%, les impacts environnementaux sont plus élevés. Il y a aussi des effets rebonds importants. Une location moins chère peut augmenter la durée de séjour et faire voyager plus loin. En revanche, vivre en colocation longue durée permet de partager ses consommation. En vivant à quatre plutôt que seul, la réduction d’impact est d’environ 40%.
Au final, « il ressort que les pratiques de mobilité et le réemploi sont les pratiques à plus fort potentiel de réduction des impacts environnementaux », conclut l’Ademe.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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