La France doit « revoir sa copie » et s’orienter vers un « système de production beaucoup plus diversifié que dans notre agriculture industrielle », a déclaré le scientifique lors d’un débat organisé à Paris par le réseau Comité 21, axé sur le développement durable.
Au cours des dernières décennies, l’agriculture française a eu tendance à se spécialiser par région, afin de « rentabiliser » les gros investissements rendus nécessaires par une production intensive, a expliqué l’agronome, membre des comités scientifiques de la Fondation Nicolas Hulot et de l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Mais pour faire face aux migrations d’espèces végétales ou animales, ainsi qu’aux accidents climatiques provoqués par le réchauffement, il faut aller vers une « moindre spécialisation », par exemple en associant de nouveau agriculture et élevage sur les mêmes terres, et en diversifiant les plantes cultivées, estime M. Dufumier.
Non seulement cette diversification permettrait de mieux résister au changement climatique, mais elle éviterait d’aggraver la situation: renoncer aux labours pourrait ainsi permettre de stocker davantage de gaz carboniques dans les sols.
Augmenter la production de légumineuses (luzerne, féverole, lentilles, pois…) permettrait de réduire l’utilisation d’engrais azotés de synthèse, responsables des émissions de protoxyde d’azote, « 300 fois plus réchauffant que le CO³ », avance l’agronome.
Les légumineuses, naturellement riches en azote nécessaire à la croissance des plantes, fourniraient aussi une alternative au soja importé (en majorité OGM) pour nourrir le bétail, ainsi qu’à la viande pour l’alimentation humaine.
M. Dufumier estime qu’il faudrait pour cela « renoncer aux accords de libre-échange et imposer des droits de douane sur les importations de soja ». Il plaide pour des négociations climatiques et agricoles groupées, regrettant que ce n’ait pas été le cas lors de la conférence sur le climat de Copenhague en 2009.
En France, l’agriculture est à l’origine d’environ 20% des émissions de gaz à effet de serre, et plus de 35% en comptant l’industrie agroalimentaire, estime le chercheur.
Paris accueillera en décembre une nouvelle conférence mondiale sur le climat (COP 21).
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