Décryptage

Ces matériaux utilisent la photocalyse pour purifier l’environnement

Posté le 25 février 2015
par La rédaction
dans Chimie et Biotech

Auto-nettoyant, dépolluant, autant de propriétés qui peuvent s’intégrer à des surfaces ou des revêtements, pour le plus grand bonheur des constructeurs et des citoyens.

Cela se passe au fond d’une vallée de l’Isère : Des riverains excédés des mauvaises odeurs provenant de l’usine de papier du coin se révoltent à grand coup de pétitions ou encore de création d’associations. Disons-le, ça sent le roussi ! Pour tenter de régler ces querelles de voisinage, la société finlandaise Ahlstrom essaie de couvrir les émanations de sa papeterie par des pulvérisations d’odeur de rose. Peine perdue, non seulement cela sent toujours mauvais, mais en plus cela attire les mouches et autres insectes. La société n’est plus du tout en odeur de sainteté !

Heureusement, en partenariat avec Locabri, elle met au point un système innovant et écologique pour soulager le nez des habitants : le bâtiment anti-odeur. Breveté en 2005, celui-ci repose sur le couplage entre un filtre actif avec de la photocatalyse. Du charbon actif, capable d’adsorber 20% de son poids, est pris en sandwich entre des grilles de matelas fibreux. Sur l’une des faces, on dépose du dioxyde de titane qui jouera, grâce aux UV du soleil, le rôle de photocatalyseur. Un système de flux d’air apporte les molécules sur le filtre pour y être adsorbées. La photocatalyse permet de nettoyer le filtre en dégradant les polluants capturés dans le charbon actif. En pratique, le bâtiment anti-odeur consiste en une tente souple dans laquelle on a découpé des panneaux pour y encastrer les fenêtres contenant le système anti-odeur.

Dans ce cas, le système de dépollution permet d’assainir un bâtiment précis, mais il est possible d’envisager de dépolluer des surfaces plus étendues, comme des routes ou des murs. C’est le cas avec le revêtement routier NOxer®, mis au point par Eurovia, filiale de Vinci. Il s’agit d’un enrobé drainant recouvert d’un coulis à base de ciment contenant du dioxyde de titane. Grâce aux UV et au dioxygène de l’air, le TiO2 agit sur les oxydes d’azote pour les transformer en nitrates. Ceux-ci seront ensuite balayés par l’eau de pluie. En laboratoire, le revêtement dépollue 90 % de l’air mis en contact.

Toutefois, en pratique la dépollution est plus difficilement quantifiable puisqu’elle dépend de nombreux facteurs environnementaux comme l’ensoleillement, le vent ou encore les poussières. Ce revêtement a été utilisé la première fois à Dinan en 2006, si depuis d’autres villes ont choisi d’opter pour la chaussée dépolluante, d’autres l’ont utilisé pour recouvrir des murs anti-bruit. D’autres matériaux efficaces grâce à al photocatalyse existent, comme les plaques de plâtre ActivAir de la société Placo capables de réduire la concentration de composés organiques volatils (COV) ou encore les dalles EcoGranic d’UrbaTP qui revendique 75% de dépollution de l’air en termes de COV et jusqu’à 80% pour les oxydes d’azote.

De son côté, Saint Gobain Glass a appliqué le principe au verre, de façon à créer Bioclean, un verre cumulant les propriétés auto-nettoyantes et hydrophiles. Le TiO2 permet de dégrader les polluants grâce aux UV puis la propriété hydrophile permet de les éliminer très efficacement lors du rinçage qui ne laisse aucune trace après évaporation.

Les matériaux autonettoyants/dépolluants se retrouvent sur des supports de plus en plus variés comme des toiles, des plastiques ou encore des aciers comme ceux développés par Arval, filiale d’Arcelor Mittal subissant un traitement de surface à base de TiO2. Le succès de ces matériaux « verts » n’est pas près de s’essouffler, avec les utilisations urbaines mais aussi des applications dans le médical comme bactéricide et antiviral.

Par Audrey Loubens


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