Retirer chaque année de l’atmosphère, et jusqu’en 2700, l’équivalent de la moitié des émissions actuelles – un niveau très ambitieux – ne permettrait pas de retrouver les conditions d’acidité des océans de l’ère pré-industrielle, indiquent les auteurs des travaux parus dans Nature climate change.
En fait, même si la concentration de CO2 dans l’atmosphère retombait à un niveau similaire à celui d’avant la Révolution industrielle, l’acidification des océans ne pourrait pas suivre le même chemin avant des centaines d’années.
« Les altérations les plus rapides se font à la surface, où les océans sont directement exposés à des concentrations plus élevées de CO2 et à des températures en hausse », explique Sabine Mathesius, l’un des auteurs de l’étude.
Les émissions de CO2 dues aux activités humaines sont capturées à hauteur de 25% par les océans. Cet échange air-atmosphère limite l’effet de serre, mais contribue à une baisse du pH des océans, ce qui a des effets très négatifs sur la biologie marine.
Sous l’effet des courants marins, les masses d’eau acidifiées sont transportées dans les grandes profondeurs pendant des décennies, et même des siècles.
« Une fois dans les grandes profondeurs, l’eau acidifiée n’est plus en contact avec l’atmosphère (…) et va rester acidifiée pendant des siècles », ajoute la chercheuse.
– un ‘changement irréversible’ pendant des siècles –
Par conséquent, « retarder la réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec l’intention de capturer plus tard le CO2 de l’atmosphère, ne marcherait pas », estime la scientifique, car les océans subiraient « un changement irréversible » pendant des siècles.
Dans une autre étude, publiée lundi dans Nature communications, des scientifiques démontrent que la capture et le stockage du CO2, une technique qui doit encore faire ses preuves à grande échelle, sera nécessaire mais très insuffisante pour parvenir à limiter le réchauffement à 2°C.
« Par le seul biais d’émissions négatives, il est peu probable que l’objectif de 2°C soit respecté », avancent les scientifiques.
Ces conclusions sont un pied-de-nez aux défenseurs des énergies fossiles qui estiment que la capture et le stockage du carbone à très grande échelle permettra dans le futur de stabiliser, et même baisser, la concentration de CO2 dans l’atmosphère.
Les auteurs de l’étude estiment toutefois que la capture et le stockage du carbone devront être développés, parallèlement à des efforts drastiques de réduction des émissions.
Pour limiter la hausse du thermomètre mondial à 2°C, l’objectif que s’est fixé la communauté internationale, il faudrait selon eux capturer des quantités de CO2 plus importantes que celles émises, pour avoir des émissions négatives de l’ordre de 0,5 à 3 gigatonnes par an.
Cette performance devrait être associée à des capacités de stockage comprises entre 50 et 250 gigatonnes, estiment les auteurs de l’étude.
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